Alors que la désertification médicale s’étend et que les inégalités territoriales explosent, deux études menées en juin 2025 par l’IFOP pour Qare dressent un constat implacable : 9 Français sur 10 rencontrent aujourd’hui des difficultés d’accès aux services essentiels, en premier lieu l’accès aux soins. Ce dernier est désormais perçu comme l’enjeu prioritaire par 76 % des sondés, bien devant l’accès au logement ou à l’emploi.
Une dégradation généralisée et ressentie
91 % des Français estiment que l’accessibilité aux services essentiels s’est dégradée ces dix dernières années, avec en tête les soins de santé (76 %), le logement (72 %) et l’emploi (59 %). Si cette dégradation touche l’ensemble du pays, elle ne se limite pas aux zones qualifiées de déserts médicaux : 70 % des habitants de ces territoires peinent à se faire soigner, mais la proportion grimpe à 71 % chez ceux qui n’y vivent pas.
L’enquête souligne aussi les conséquences concrètes de cette situation : retards dans les soins pour 70 % des concernés, charge mentale accrue, précarité financière, dégradation de la santé mentale ou physique, et même projets de déménagement pour 46 % des répondants.
Les soins en première ligne
L’accès aux soins arrive en tête des préoccupations, avec 71 % des Français déclarant avoir rencontré des difficultés concrètes dans ce domaine. Trois obstacles majeurs sont identifiés : les délais d’attente (70 %), l’impossibilité de trouver un spécialiste (72 %) ou un généraliste disponible (62 %), et la difficulté à s’inscrire comme nouveau patient (64 %). La situation empire particulièrement dans certaines régions comme le Centre-Val de Loire, où 86 % des habitants signalent des difficultés.
À l’approche de la présidentielle de 2027, 84 % des Français affirment que l’accès aux soins influencera leur vote, dont 62 % pour qui cela comptera « beaucoup ». Ce thème devance l’emploi, l’éducation et le logement.
Une demande de solutions concrètes
Les Français ne se contentent pas de dénoncer : ils expriment aussi des attentes précises. Parmi les solutions plébiscitées figurent la prise de rendez-vous en ligne (59 %), les horaires élargis de consultation (33 %), les soins à domicile ou mobiles (29 %), et la téléconsultation (27 %).
Plus de deux tiers (67 %) se disent prêts à recourir à la téléconsultation, que ce soit pour obtenir un premier avis médical ou pour raccourcir les délais de prise en charge. L’outil est désormais considéré comme un levier complémentaire, mais non exclusif, pour résorber les inégalités.Une fracture territoriale révélatrice
L’étude confirme enfin que la fracture sanitaire épouse, en partie, les clivages politiques et sociaux du pays : les jeunes, les ouvriers, les ruraux et les habitants de la France périphérique sont les plus touchés par les difficultés d’accès. De quoi alimenter un ressentiment croissant à l’égard de l’État centralisé, incapable d’assurer l’égalité d’accès à un droit aussi fondamental que la santé.
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