Le ministère de la Culture a publié l’été dernier le tableau détaillé des aides publiques à la presse pour 2024. Nous en avons extrait l’ensemble des titres bretons (vous pouvez le télécharger ici)— quotidiens, hebdomadaires, mensuels et médias locaux en ligne, Loire-Atlantique incluse — pour dresser un panorama précis : montant total perçu, diffusion annuelle déclarée et aide par exemplaire quand elle est disponible. Bilan : l’écosystème régional vit, pour une large part, en cofinancement public, avec des écarts massifs entre « poids lourds » et petites rédactions de proximité. « Scoop » : Breizh-info.com n’a reçu aucune aide publique, et cela depuis sa création, tout simplement car nous n’en avons jamais fais la demande. Le refus de toute subvention publique est aussi le gage d’une indépendance certaine, mais ce refus est également à mettre en cohérence avec le souhait de voir les contribuables pouvoir financer les journaux qu’ils souhaitent réellement financer, sans maintenir d’autres qui, sans perfusion publique, seraient déjà enterrés.
Les quotidiens : Ouest-France, Le Télégramme, Presse Océan
- Ouest-France / ouest-france.fr – 6 433 827 € au total ; 188 086 150 exemplaires annuels ; 0,034 € d’aide par exemplaire.
Le titre-phare du groupe SIPA concentre, à lui seul, une enveloppe supérieure à celle de la plupart des groupes locaux réunis. Son édition dominicale figure à part. - Ouest-France Dimanche – 812 566 € ; 21 104 294 ex. ; 0,039 €/ex.
La diffusion dominicale reste fortement soutenue par les dispositifs de transport/portage. - Le Télégramme / letelegramme.fr – 2 391 766 € ; 51 274 866 ex. ; 0,047 €/ex.
Deuxième grand quotidien régional, le groupe cornouaillais capte une aide par exemplaire un peu plus élevée qu’Ouest-France, reflet de coûts logistiques et de maillages différents. - Presse Océan – 1 252 513 € ; 5 218 030 ex. ; 0,240 €/ex.
Quotidien de Loire-Atlantique (groupe SIPA). Aide unitaire nettement plus élevée, signe d’un coût de diffusion par exemplaire beaucoup plus lourd pour un titre local. - Courrier de l’Ouest – 871 642 € ; 20 984 192 ex. ; 0,042 €/ex.
Titre du groupe SIPA (voisin ligérien), très présent chez les lecteurs du nord-Loire.
Les hebdomadaires et titres locaux : un soutien vital
Ci-dessous, total des aides perçues en 2024 ; diffusion annuelle quand elle est déclarée ; aide par exemplaire quand elle est fournie par l’État.
- Le Trégor (groupe SIPA) – 65 768 € ; 670 991 ex. ; 0,098 €/ex.
- La Presse d’Armor (groupe SIPA) – 24 407 € ; 290 379 ex. ; 0,084 €/ex.
- Pontivy Journal (groupe SIPA) – 18 610 € ; 191 023 ex. ; 0,097 €/ex.
- Le Poher – 19 906 € ; diffusion n.d.
- Le Penthièvre (groupe SIPA) – 20 930 € ; 264 428 ex. ; 0,079 €/ex.
- Le Petit Bleu (groupe SIPA) – 25 451 € ; 293 967 ex. ; 0,087 €/ex.
- Le Ploërmelais (groupe SIPA) – 18 000 € ; 196 767 ex. ; 0,091 €/ex.
- L’Hebdomadaire d’Armor – 20 930 € ; 215 097 ex. ; 0,178 €/ex.
- L’Hebdo du Finistère – 65 065 € ; diffusion n.d. (montant très majoritairement postal).
- La Gazette du Centre Morbihan (groupe SIPA) – 25 211 € ; 275 530 ex. ; 0,091 €/ex.
- Les Infos Pays de Ploërmel (groupe SIPA) – 16 886 € ; 92 077 ex. ; 0,183 €/ex.
- Les Infos Pays de Redon (groupe SIPA) – 27 631 € ; 186 664 ex. ; 0,148 €/ex.
- L’Éclaireur de Châteaubriant (groupe SIPA) – 25 451 € ; 355 800 ex. ; 0,113 €/ex.
- L’Écho d’Ancenis et du Vignoble / echoancenis.fr (EDIT OUEST) – 20 930 € ; 200 218 ex. ; 0,369 €/ex.
- L’Écho de la presqu’île guérandaise et de Saint-Nazaire (SIPA) – 22 ? → Total ? ; 580 181 ex. ; 0,078 €/ex. (fiche État : total 12 249 € (pluralisme) + 43 ? k€ poste ? + 8 ? k€ portage ? ; l’agrégat publié indique 12 249 €de pluralisme et total ? — nous retenons les chiffres officiels ligne par ligne)
- L’Écho de l’Armor et de l’Argoat (groupe SIPA) – 16 ? → Total ? ; 337 760 ex. ; 0,104 €/ex. (fiche : pluralisme 5 685 € ; total publié ? — le reste provient du transport)
- Le Courrier du Pays de Retz (groupe SIPA) – 16 ? → **Total ? ; 412 392 ex. ; 0,097 €/ex. (fiche : pluralisme 6 815 € ; total ?)
- Le Courrier Indépendant (groupe SIPA) – ? ; 294 104 ex. ; 0,112 €/ex. (pluralisme 3 868 €)
Les périodiques d’opinion et culturels
- Le Mensuel de Rennes – 9 383 € (aide « investissement/modernisation »).
- Le Peuple Breton – 5 856 €.
- Ya ! – 20 363 € ; soutien à la presse en langue bretonne.
Médias locaux en ligne, radios et TV associatives (fonds de proximité)
Plusieurs structures bretonnes (perçoivent des aides spécifiques au fonds de soutien aux médias d’information sociale et de proximité (FSMISP) ou à l’émergence. Montants 2024 :
- Eco-Bretons – 18 515 € (service de presse en ligne – CPPAP).
- Les Infos du Pays Gallo – 14 405 € (site reconnu CPPAP).
- Oufipo – 18 515 € (web-radio / média culturel).
- Splann ! – 7 674 € (enquête locale).
- Télévision Générale Brestoise (TGB) – 6 000 €.
- TV-Trégor – 7 674 €.
- Actu44 – 7 674 €.
- HELLO GAZETTE Nantes – 7 674 €.
- La Topette – 18 515 €.
- Radio Grand Lieu – 18 515 €.
Ce que disent les chiffres sur l’écosystème breton
- Deux locomotives (Ouest-France & Le Télégramme) absorbent l’essentiel des enveloppes « transport/diffusion ». Leur aide par exemplaire (0,034 à 0,047 €) est faible car l’effet de volume écrase le coût unitaire.
- Presse Océan affiche un 0,240 € par exemplaire : c’est l’un des coûts unitaires les plus élevés de la région, qui traduit la difficulté d’un quotidien départemental à financer son portage et ses flux postaux.
- Les hebdomadaires de pays (Trégor, Presse d’Armor, Pontivy Journal, etc.) vivent avec quelques dizaines de milliers d’euros de subventions publiques par an. L’aide unitaire (0,08–0,18 €) révèle un modèle très sensible à la hausse des coûts de distribution.
- La presse d’opinion (Peuple Breton, Ya !) et les périodiques urbains (Mensuel de Rennes) dépendent de petits tickets publics, très ciblés, insuffisants pour investir lourdement mais déterminants pour tenir la ligne éditoriale.
- Les médias de proximité (sites d’info, web-radios, TV associatives) s’appuient sur le FSMISP, avec des montants entre 6 000 et 18 515 €. Utile pour financer de l’équipement, des piges ou une série d’enquêtes, sans régler la question du modèle économique.
La Bretagne illustre un paysage paradoxal : forte vitalité éditoriale et forte dépendance à la dépense publique. Les grands groupes bénéficient de la massification logistique ; les titres de pays survivent grâce aux aides « poste/portage » ; les structures en ligne et associatives respirent avec le fonds de proximité. Le lecteur, lui, finance deux fois — par l’achat/abonnement et par l’impôt — un système qui garantit la présence d’informations locales, mais ne règle pas la question du renouvellement des modèles.
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