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Des groupes loyalistes refusent de coopérer avec la police alors que les tensions s’accroissent au sujet du Protocole d’Irlande du Nord

Les groupes communautaires loyalistes ont cessé de collaborer avec le PSNI, la police nord irlandaise, alors que les tensions continuent de monter en opposition au protocole d’Irlande du Nord.

Selon certaines sources qui ont informé le Belfast Telegraph, les responsables de la police ont été informés ces derniers jours qu’ils ne pouvaient plus demander l’aide des travailleurs communautaires loyalistes dans l’est de Belfast, à Ards et North Down, pour désamorcer tout trouble potentiel à l’ordre public.

Un haut membre du DUP a également été informé par les loyalistes qu’il n’y aurait plus de coopération avec la police locale. Les travailleurs sociaux communautaires loyalistes ont refusé d’aider à contrôler les foules de jeunes qui se sont rassemblées dans les rues de l’est de Belfast dimanche après le Old Firm de Glasgow entre le Celtic et les Rangers, quelques semaines seulement après la victoire des Rangers en championnat d’Écosse.

Selon certaines sources, les loyalistes ont été approchés pour demander s’ils pouvaient aider à empêcher tout rassemblement violant les restrictions imposées par le Covid, mais ils ont refusé de coopérer. Des centaines de personnes se sont ensuite rassemblées en plusieurs endroits, malgré les appels de la police faits aux responsables loyalistes pour user de leur influence pour empêcher les infractions à la législation Covid.

Les retombées de l’accord de retrait du Brexit continuent de provoquer des tensions. Hier, d’éminents loyalistes ont averti l’organisme chargé de lutter contre les activités paramilitaires que le protocole en Irlande du Nord pourrait déstabiliser la région et faire tomber Stormont, le parlement d’Irlande du Nord.

Une délégation du Loyalist Communities Council (LCC) — dont le président David Campbell et les responsables loyalistes Winston Ervine, Jim Wilson et Jimmy Birch — a rencontré hier l’Independent Reporting Commission (IRC). Il s’agit d’un organisme officiel de coordination représentant les points de vue de l’UVF, de l’UDA et du Red Hand Commando (trois groupes paramilitaires loyalistes) qui a déclaré avoir discuté de sa récente lettre au Premier ministre. Cette lettre a suscité des inquiétudes après que les groupes loyalistes aient déclaré qu’ils retiraient leur soutien à l’Accord du Vendredi Saint en raison du Protocole, qui a créé une barrière commerciale entre l’Irlande du Nord et la Grande-Bretagne.

Dans une déclaration, le LCC a déclaré que lors de leur réunion avec l’IRC, ils ont « souligné leur point de vue selon lequel le protocole NI, s’il n’est pas modifié pour être conforme aux droits et garanties contenus dans l’accord de Belfast, a la capacité de déstabiliser l’Irlande du Nord et de faire tomber les institutions nées de l’accord ».

Ils ont ajouté : « Les membres du LCC ont souligné qu’ils feraient tout ce qui est en leur pouvoir pour maintenir la paix et ont réitéré leur appel à ce que l’opposition soit de nature politique et constitutionnelle. »

Les dirigeants actuels des organisations loyalistes sont soumis à une pression extrême de la part de leur base, notamment les plus jeunes, qui sont chauffés à blanc dans un contexte où les cicatrices de la guerre civile ne sont toujours pas refermées. Il faut rappeler par ailleurs que les principaux groupes paramilitaires loyalistes n’étaient pas officiellement impliqués dans l’accord de 1998, dit du Vendredi Saint, mais l’ont approuvé à l’époque et ont neutralisé leurs armes dans les années qui ont suivi.

Au cours du week-end, un graffiti intitulé « Tous les accords de paix sont annulés » est apparu dans le secteur de Bowtown à Newtownards, bastion loyaliste à l’est de Belfast. Il était signé PAF, ce qui correspondrait à la Protestant Action Force, un nom de couverture utilisé par l’UVF pour revendiquer des fusillades et des attentats à la bombe pendant les Troubles et la guerre civile.

Pendant ce temps, un ministre loyaliste du DUP (Peter Weir, ministre de l’Éducation) a rejeté les affirmations de M. Campbell comme quoi son parti envisagerait de faire s’effondrer Stormont pour protester contre la frontière commerciale imposée en mer d’Irlande du fait du Brexit. Il a également rejeté tout blocage potentiel à l’adoption de la législation sur la langue irlandaise à Stormont, dans le contexte de l’intensification du conflit sur le protocole et son application.

Dans une interview accordée au Sunday Independent, David Campbell, maintenant ses affirmations, a affirmé que la présidente du DUP, Arlene Foster, avait déclaré à la LCC que l’effondrement de l’exécutif était envisagé par son parti, mais seulement après avoir épuisé toutes les autres possibilités d’abandonner le protocole. M. Weir a déclaré que son parti demandait instamment à M. Campbell de clarifier ses propos, insistant sur le fait que la question n’avait pas été soulevée lors d’une récente réunion entre le LCC et la direction du DUP.

Le ministre a déclaré que l’effondrement de Stormont serait « contre-productif. Ce n’est pas ce que nous voulons. Nous essayons de faire en sorte que l’Irlande du Nord fonctionne pour tout le monde » a-t-il déclaré.

Pour le DUP, qui a communiqué officiellement : « Nous restons engagés dans la logique de l’accord nouvelle décennie, nouvelle approche. Toutes ces questions doivent être abordées et résolues, ainsi que les engagements du NDNA, si nous voulons parvenir à la stabilité en Irlande du Nord. La voie à suivre passe par le dialogue et la discussion politique. »

Du côté loyaliste, le refus croissant d’une partie des acteurs, y compris engagé dans le processus de paix, de vouloir participer au travail avec la police comme avec les autorités, inquiète. Surtout dans un contexte où il semblerait que les groupes paramilitaires durs du côté des loyalistes connaissent une nouvelle croissance, y compris pour certains en faisant du trafic de drogue le cœur de leurs activités (c’est à dire à des années lumière du combat loyaliste originel) et en prenant en otage par la menace et la pression une partie de la population, notamment dans les quartiers populaires de Belfast ou de South East Antrim, bastion de l’UDA en Irlande du Nord.

Une chose est certaine : l’accord de paix de 1998 en Irlande du Nord est menacé du fait de l’ouverture de la boîte de Pandore suite au Brexit et au Protocole. Et une crise grave semble pouvoir éclater à tout moment, à moins que l’Union européenne n’accepte des changements significatifs à l’accord de Brexit ou que tout du moins, toutes les parties prenantes trouvent une solution concrète convenant avant tout aux habitants d’Irlande du Nord et non pas à des commissaires à Bruxelles, ou à des élus à Londres….

Crédit photo : breizh-info.com
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