Le dernier baromètre politique publié par Ipsos et l’école d’ingénieurs CESI pour La Tribune Dimanche dresse, comme chaque mois, un état des lieux des opinions politiques des Français. Mais ce qui frappe, au-delà des chiffres, c’est la vacuité croissante du débat démocratique dans un pays où une majorité des sondés ne fait plus confiance à personne… tout en continuant d’être interrogée sur ce qu’elle attend de la politique.
Pouvoir d’achat, insécurité, immigration : trois préoccupations majeures
Sans surprise, les trois grandes préoccupations restent inchangées : le pouvoir d’achat (48 %), le système social (39 %), et la délinquance (36 %), suivies de l’immigration (30 %) et de la dette publique (26 %). Macron s’en moque totalement, lui qui a exclu un référendum sur ces préoccupations majeures.
Des priorités transversales, avec des variations selon la couleur politique : l’immigration est le sujet n°1 chez les sympathisants RN (58 %) et LR (37 %), quand les électeurs LFI ou EELV se disent davantage préoccupés par les inégalités sociales ou l’environnement.
Mais au-delà des clivages, c’est surtout la constance d’une inquiétude généralisée qui marque : tout semble aller mal, ou aller empirer, aux yeux des sondés.
Un président à 26 % de soutien… dans une démocratie à bout de souffle
Emmanuel Macron ne bénéficie plus que de 26 % d’avis favorables, contre 71 % de jugements défavorables. Une situation inédite de rejet persistant, marquant une fin de règne : usure du pouvoir, isolement, et refus massif de son autorité, y compris dans son propre camp.
Quant à François Bayrou, Premier ministre depuis janvier, il chute à 20 % d’opinions favorables, avec 70 % d’avis défavorables, confirmant qu’il ne suscite ni espoir ni opposition claire – mais surtout une indifférence molle, révélatrice d’un gouvernement sans cap lisible.
Retailleau, Darmanin, Le Pen, Bardella : des figures qui polarisent
Parmi les figures politiques qui émergent pour 2027, Jordan Bardella (34 %) et Marine Le Pen (33 %) arrivent en tête des personnalités qui susciteraient une certaine satisfaction s’ils accédaient à l’Élysée. Bruno Retailleau, pourtant discret médiatiquement, surprend avec 28 % d’opinions favorables, notamment chez les sympathisants de droite et du RN
Mais là encore, les chiffres doivent être relativisés : une majorité des Français répondent par réflexe d’humeur, sans projet de société ni vision de long terme.
Le désespoir économique généralisé
C’est peut-être le point le plus préoccupant : 86 % des sondés se disent pessimistes quant à la situation économique du pays, 83 % pour l’économie mondiale. Quant à leur propre avenir économique, 68 % se déclarent également pessimistes, malgré un taux d’emploi historiquement élevé. C’est dire la profondeur de la défiance et du ressentiment qui s’est enracinée.
Les anticipations sont noires : 74 % pensent que le pouvoir d’achat va se détériorer, 76 % pour la fiscalité, 70 % pour l’emploi. En somme, les Français n’attendent plus rien de l’avenir, sauf peut-être un effondrement qu’ils voient venir, et auquel ils s’accoutument.
Une enquête méthodique… mais déconnectée ?
On peut évidemment reconnaître le sérieux du travail méthodologique d’Ipsos. Mais on peut aussi interroger le sens de ces baromètres : quelle valeur accorder à des réponses données par une population qui ne croit plus aux institutions, ne vote plus massivement, et change d’avis au gré des crises et des émotions ?
Il y a quelque chose de creux à sonder une société désaffiliée politiquement, dépolitisée culturellement, et atomisée socialement, comme si l’empilement des données pouvait encore révéler une volonté collective. Ce n’est plus le cas. On ne sonde pas un peuple : on enregistre ses soupirs.
Le baromètre politique de mai 2025 ne dit pas tant ce que veulent les Français que ce qu’ils ne veulent plus. Il révèle une société fatiguée, lasse, désorientée – mais toujours consultée, comme si cela suffisait à faire vivre une démocratie.
Le paradoxe est là : des citoyens qui ne croient plus en la parole politique et à qui on ne permet jamais de s’exprimer directement sont sans cesse invités à s’exprimer. Et le résultat, mois après mois, c’est le même : colère molle, peur du déclin, et rejet des élites… sans alternative clairement assumée.
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11 réponses à “Baromètre politique Ipsos mai 2025 : peut-on encore sonder des citoyens qui ne croient plus à rien, ni à personne ?”
Demat ce sondage ne m’étonne pas vu l’état de déliquescence de notre société hélas ; hier, victime d’une panne d’électricité presque toute la journée, j’ai élagué ma haie, écouté de la musique et fait du vélo et de la marche avec le chien ; puis dès le retour de cette énergie, devinez ce que j’ai réalisé ? J’ai signé une pétition sur le site de l’assemblée pour la destitution du mauvais garçon locataire actuel à nos frais de l’Elysee et vous invite à le faire également bien que ce soit compliqué ( connexion obligatoire vers France Connect puis code d’authentification puis clic de validation). Il faut que nos compatriotes reprennent du courage et de l’énergie pour y croire car la France et la Bretagne sont éternelles. Écoutons maintenant une chanson de Véronique SANSON « indestructible ». Kenavo
Le peuple, méprisé par les élites au pouvoir, est beaucoup plus intelligent et pragmatique que ces bavards incessants qui s’imaginent qu’on les écoutent ! Le peuple voit clairement les erreurs continuelles dans tous les domaines et ne se fait aucune illusion sur l’avenir de leur France en chute libre….seul, un changement radical de la gouvernance politique avec des hommes courageux et déterminés pourrait leur redonner de l’espoir mais je suis vraiment étonné que 26 % accordent encore leur confiance à cet ex banquier dangereux qui a pourtant montré le vrai visage de l’incompétence en politique intérieure et extérieure.
A quoi servent les fonctionnaires des Renseignements Généraux ? L’Etat sait très biens ce que veulent, et surtout ce que ne veulent pas, les Français. Sauf à vouloir aggraver la dépense ces sondages et référendums ne servent à rien. Enfumage.
l’utilité de l’arithmétique pour préciser les ressentis … Merci . ILTIS http://www.lasocietecivile.fr .
Parfaitement clair et exactement juste…
Qui peut croire a de tels sondages ? la délinquance et l immigration en 4ème et 5ème position !!!
« système social » cela veut dire quoi ? ce sondage ne reflète que ce que veut nous dire le commanditaire !
Absolument d’accord avec GLEPO, c’est encore un sondage « dirigé » ou « manipulé », avec toutes les aides ce n’est pas le pouvoir d’achat qui vient en tête, TF1 et autres chaînes collabos ou soumises nous abreuvent à longueur de journée de reportages sur les loisirs,
les voyages, le farniente… de plus la délinquance et l’émigration c’est la même chose…un sondage à la demande des gros porcs patronaux (pas mon menuisier, pas mon plombier, pas mon électricien…)ceux qui construisent des immeubles, à Vannes des immeubles sont invendables à cause des malfaçons en cause les ouvriers qui ne comprennent pas le français. La préoccupation de la dette publique? Non mais vous rigolez les sondés ne paient pas d’impôts!!! Les favoris comme Bordella alias MacDo alias Poil au menton. Il coche toutes les cases du REFUS pour nous!
Qui peut encore faire confiance aux partis du Palais-croupion ? Le RN, en particulier, a renoncé à tout ce qui faisait l’ADN du FN, à savoir une France souveraine sans invasion migratoire, une sortie de l’U.E. et de l’Euro, une économie libérale et pas de délires sociétaux… Il est devenu un parti gaucho-progressiste comme les autres, adepte de sinécures dans une soi-disant opposition, mais en carton. Sa cheffe, notoirement incompétente, entouré de ses mignons, pourrait devenir reine de Mayotte.
Notre régime politique n’est pas démocratique et c’est bien le problème car 75% de nos compatriotes aimeraient disposer du référendum d’initiative populaire pour remettre les choses à l’endroit.
Le sociologue Jules Monnerot a dit, très justement, que depuis l’Antiquité, il n’y a jamais eu de système démocratique. Le système politique né aux USA puis en France au XVIIIe siècle est une système représentatif qui est en train de devenir une oligarchie libérale autoritaire (comme le Chili de Pinochet). Les Français ont raison de penser que les choses vont mal; ils sont beaucoup plus perspicaces que les énarques qui nous gouvernent. Tout l’Occident est en train de sombrer, à cause des politiques néolibérales qui sont appliquées depuis Reagan et Thatcher. L’Union européenne a été fondée sur l’idéologie néolibérale et elle va très mal mais les USA vont eux aussi très mal (36000 milliards de dollars de dettes de l’État fédéral et 200 000 milliards de dollars de dettes au total quand on ajoute celles des États fédérés, des comtés, des municipalités, des entreprises, dont une sur cinq est incapable de rembourser ses dettes, les prêts hypothécaires des particuliers, les crédits à la consommation et l’endettement des étudiants qui paient des fortunes pour pouvoir être diplômés. Les USA sont le pays le plus endetté de la planète; c’est aussi le berceau du néolibéralisme). Les USA ne sont pas capables de battre la Russie en Ukraine mais ils ne sont même pas capables de battre les Houthis du Yémen qui menacent les porte-avions des Yankees. C’est un fiasco général qui est une conséquence de cette idéologie perverse qu’est le néolibéralisme. Une idéologie qui sert uniquement à justifier les inégalités invraisemblables qui existent aujourd’hui. Les Français sont opposés à tout cela et ils ne savent plus vers qui se tourner. La droite est le parti des riches, les socialistes sont devenus néolibéraux en 1983 et Mélenchon est aussi dingue que les Verts ! Aucun parti ne répond à la demande politique de la majorité, ce qui fait que les Français votent surtout « contre » ou par défaut. Le système représentatif imposé par le libéral Siéyès en 1789 ne fait plus illusion. La seule solution c’est un système de démocratie très largement directe mais les psychopathes qui nous gouvernent (toutes tendances confondues) n’en veulent surtout pas. D’où le blocage dont on sortira à la faveur d’une inévitable explosion sociale comme le pronostique Peter Turchin.
Mais c’est d’une évidence : « Aucun responsable politique ne prendre une décision qu’il sait indispensable au bien de tous, si cette décision va à l’encontre de ses intérêts personnels, de sa réélection » d’après récit troublant « les corps indécents ». « La politique ne devrait pas être une profession mais un service à la Nation (bien payé) une fois, deux fois et c’est tout. C’est pourtant facile à comprendre.
Nous dansons sur un volcan…