Toute la presse s’extasie sur le fringant gouvernement espagnol, en soulignant notamment une présence majoritaire de femmes. Toutefois, parmi les seconds couteaux, quelques personnalités inattendues ont été pressenties, comme Pedro Baños, probable futur directeur de la Sécurité nationale.
Colonel en retraite, Pedro Baños a eu un parcours brillant au sein des forces armées espagnoles. Après avoir travaillé à l’état-major, il est devenu chef du contre-espionnage et de la sécurité de l’Eurocorps à Strasbourg avant de donner des cours à l’École supérieure de guerre. Durant la présidence espagnole de l’Union européenne, il a fait partie des plus hautes instances du ministère de la Défense.
Derrière ce curriculum brillant et très conventionnel se cache un profil plus original d’un homme qui refuse l’allégeance à un modèle atlantiste des relations internationales et qui cherche un rapprochement entre l’Europe et la Russie. Il n’hésite pas à intervenir sur les médias russes comme Russia Today ou Sputnik.
Sur les réseaux sociaux, le colonel Baños publie des messages en appui à Vladimir Poutine qui n’ont pas été du goût de l’ambassade américaine à Madrid. Il a notamment commenté les bons résultats du président russe dans les sondages en écrivant : « On aurait bien envie dans l’Union européenne d’avoir un responsable politique avec ne serait-ce que la moitié de la popularité de Poutine ».
Dans un livre récent « Comment on domine le monde », il analyse les rapports de force dans les relations internationales, les affrontements, l’usage de la manipulation comme arme de guerre et l’évolution dans les alliances entre les grandes puissances.
Le colonel Baños est aussi un spécialiste reconnu du terrorisme islamiste ; en février 2018, dans des déclarations à un quotidien basque, il est sorti de la bien-pensance en dénonçant l’idéologie de la « diversité » utilisée comme moyen pour diviser les Européens et les courants migratoires musulmans qui « cassent l’Europe ».
Preuve du peu d’empathie du colonel Baños avec l’ordre politique atlantiste et la morale médiatique occidentale, les conservateurs du Parti populaires et Ciudadanos ont demandé sans succès à ce qu’il ne soit pas nommé à un poste de responsabilité au gouvernement en raison de ses opinions trop favorables à la Russie.
Pour l’instant les médias n’ont pas encore lâché les chiens contre Pedro Baños dont on murmure une proximité intellectuelle avec une figure de l’extrême gauche espagnole, le sulfureux géopoliticien Jorge Verstrynge qui fut un des poulains de la Nouvelle Droite française et d’Alain de Benoist dans les années 1970 avant d’évoluer vers une gauche identitaire et musclée dans l’orbite de Podemos.
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