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Irlande. 
Diarmuid Mac Dubhghlais (Republican Sinn Féin) : « Westminster se soucie peu de l’opinion des populations d’Irlande et d’Écosse occupées » [Interview]

Le Republicain Sinn Féin ou RSF (en irlandais : Sinn Féin Poblachtach) est un parti politique républicain irlandais en Irlande actuellement dirigé par Seosamh Ó Mhaoileoin. Un parti qui se revendique comme étant l’héritier du Sinn Féin fondé en 1905, qui a pris sa forme actuelle en 1986, à la suite d’une scission du Sinn Féin.

« Le Republican Sinn Féin (RSF) et le Provisionnal Sinn Féin (PSF) se sont séparés en 1986 à la suite de la reconnaissance par le PSF du Parlement de l’État des 26 Comtés (la République d’Irlande). Les dirigeants qui se sont rangés du côté de RSF ont vu dans cette décision un pas vers la reconnaissance de la juridiction britannique sur une partie de l’Irlande. Pas nous. » nous explique Diarmuid Mac Dubhglais, chargé des relations internationales au sein de ce parti.

Un parti politique très actif dans la rue dans toute l’Irlande, mais qui se présente également aux élections en Irlande du Nord (que notre interlocuteur appelle Irlande occupée) et en République d’Irlande (appelée État aux 26 comtés par notre interlocuteur en référence aux 6 Comtés d’Ulster qui n’y sont pas inclus) tout en refusant de siéger et de reconnaitre les deux assemblées.

L’organisation se considère comme le tenant du républicanisme irlandais originel, rejetant notamment l’accord du Vendredi Saint et le traité anglo-irlandais. Nous avons posé quelques questions à son chargé des relations internationales, pour recueillir le point de vue du parti sur la situation, en marge du Brexit, et alors qu’en Irlande, la question de l’unité du pays est de plus en plus souvent évoquée.

Breizh-info.com : Comment voyez-vous le futur avec le Brexit ? Quelles conséquences pour l’Irlande ?

Diarmuid Mac Dubhghlais (Republican Sinn Féin) : Bien que tous les accords relatifs au Brexit ne soient pas encore finalisés – ce qui fait que des choses peuvent encore changer – il est clair que certains, à Westminster et en Irlande occupée [NDLR : l’Irlande du Nord], verraient d’un bon œil les postes frontières et les points de contrôle entre l’Irlande occupée [NDLR : l’Irlande du Nord] et l’État aux 26 Comtés [NDLR : la République d’Irlande].

Le Brexit montre d’ailleurs à quel point Westminster se soucie peu de l’opinion des populations d’Irlande et d’Écosse occupées (qui ont voté contre ce dernier, majoritairement). Ce qui est apparu clairement lors des négociations et des votes à Westminster, c’est que de nombreux politiciens conservateurs ne se sont pas souciés de l’accord dit du Vendredi Saint.

Breizh-info.com : Pouvez-vous nous expliquer la situation politique en Irlande ? Et dans le Nord ? 

Diarmuid Mac Dubhghlais (Republican Sinn Féin) : Dès sa création, l’État aux 26 comtés s’est occupé d’une petite partie de la population. Les inégalités n’ont jamais été aussi fortes qu’aujourd’hui. Hommes, femmes et enfants font la queue devant les banques alimentaires et les soupes populaires pour se nourrir, il y a plus de 10 000 sans-abri dans cet État. Tout cela alors que l’Irlande a une proportion de milliardaires plus élevée que la plupart des autres pays.

Politiquement, il est davantage question d’unifier le pays depuis que la Grande-Bretagne a promulgué l’article 50, pour débuter le Brexit. 
Comme dans l’État aux 26 comtés, dans les comtés occupés, on parle désormais beaucoup d’unité, ou au moins d’un vote sur la question de la frontière (Border Poll). Avant, en Irlande occupée, il y avait quatre partis politiques majeurs qui débattaient. Aujourd’hui le débat sur Brexit et tout ce qui l’entoure provoque une polarisation dans la politique : le DUP est de loin le parti unioniste le plus important, et le PSF (Provisionnal Sinn Féin) le plus important des partis nationalistes d’Irlande du Nord.

Breizh-info.com : Les Protestants du Nord sont en passe de devenir une minorité. Peut-on s’attendre, dans les prochaines années, à un vote, pour l’unité de l’Irlande, selon les accords du Vendredi Saint ? Si oui, quel type d’autonomie les protestants auront-ils dans une Irlande unie ?

Diarmuid Mac Dubhghlais (Republican Sinn Féin) : 
Honnêtement, je déteste cette analyse sectaire, car elle alimente le récit des impérialistes selon lequel la situation actuelle serait liée à la religion. C’est faux, mais c’est la Grande-Bretagne qui l’a encouragée.

Notre parti a publié un document officiel, un programme pour une Irlande fédérale avec quatre Dáil (parlements) provinciaux. Pour les neuf comtés de l’Ulster, il y aurait un parlement, au sein duquel les protestants seraient encore majoritaires aujourd’hui, ce qui leur donnera une voix forte sur la question des finances notamment.

Il y a effectivement de plus en plus d’appels à l’organisation d’un référendum sur la question de la réunification. Mais par soucis de clarté, nous, le RSF, nous opposons à tout vote ou scrutin car cela reviendrait à reconnaitre la juridiction de la Grande-Bretagne sur une partie de l’Irlande.

Breizh-info.com : Pouvez-vous nous parler de la situation économique en Irlande ?

Diarmuid Mac Dubhghlais (Republican Sinn Féin) : 

J’ai mentionné plus haut le nombre de sans-abri dans l’État aux 26 comtés (NDLR : République d’Irlande], et cette pauvreté est due à l’inaptitude politique et à la corruption. L’Irlande a la plus grande zone de pêche de l’UE, et pourtant nous avons une flotte minuscule, la plupart des quotas de pêche étant utilisés par d’autres pays de l’UE et d’autres pays plus lointains.

Nous avons des gisements de pétrole et de gaz qui ne produisent que peu ou pas de revenus pour l’État. On ne cesse de plaisanter sur le fait que « l’Irlande » est le seul pays à avoir découvert du pétrole et à s’être appauvri en conséquence.

Breizh-info.com : Quelle est la position de votre parti sur l’immigration en Irlande, en Europe ?  


Diarmuid Mac Dubhghlais (Republican Sinn Féin) : 

Le Républican Sinn Féin est contre l’ouverture des frontières en matière d’immigration, bien que nous reconnaissions avoir le devoir de nous occuper de ceux qui cherchent refuge contre la persécution.

Nous nous  accordons sur le fait qu’il puisse y avoir une certaine richesse dans la diversité mais nous souhaitons aussi que notre propre culture, notre langue et nos sports soient promus et que les ghettos ethniques ou culturels soient évités.

Breizh-info.com : Pouvez-vous nous présenter les différentes commémorations qui auront lieu cette année, et que votre parti organise, ou auquel il participe ? 


Diarmuid Mac Dubhghlais (Republican Sinn Féin) : Pâques est toujours un grand événement pour les républicains irlandais et est commémoré dans chaque comté. D’autres grands événements à venir cette année seront la commémoration de Theobald Wolfe Tone (fondateur du républicanisme irlandais) au mois de juin mais aussi l’anniversaire de la fin de la grève de la faim de 1981 qui sera commémoré dans le Donegal en août.

Breizh-info.com : Quel regard portez-vous sur les autres pays celtiques, comme l’Écosse bien sûr, mais aussi le Pays de Galles et la Bretagne ? Aviez-vous des contacts politiques ici ?

Diarmuid Mac Dubhghlais (Republican Sinn Féin) : 
Nous avons toujours eu des liens étroits avec l’Écosse et nous y avons participé à des conférences et des discussions qui ont lieu depuis de nombreuses années. De même, des membres de partis écossais sont venus à notre conférence annuelle. Les appels en faveur d’une Écosse indépendante se sont intensifiés ces dernières années et il se pourrait bien qu’il y ait un autre référendum dans les deux prochaines années. S’il aboutit, il aura certainement un effet d’entraînement sur l’indépendance de l’Irlande.

Dans le cas du Pays de Galles, cela a été plus difficile, peut-être parce que le désir d’indépendance y était moins présent, peut-être en raison de l’influence de la politique de Westminster ou peut-être du nombre plus élevé d’Anglais vivant dans cette zone géographique. Mais nous avons quelques contacts avec Plaid Cymru.


Pour la Bretagne, nous avions des contacts depuis de nombreuses années, mais ces dernières années, ils se sont réduits. J’ai tendu la main l’année dernière dans l’espoir de reconstruire des liens plus solides et j’espère pouvoir me rendre dans cette région cette année pour y nouer de nouveaux contacts.

Propos recueillis par YV

Crédit photos : DR
[cc] Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine – V

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