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Le général de Gaulle : identité, souveraineté, dissidence

De Gaulle est cité par tous. Récupéré par tous. Mais ses convictions étaient à l’opposé du politiquement correct contemporain. Et ses propos, s’ils étaient tenus publiquement aujourd’hui, lui vaudraient la correctionnelle. Comme tous les ans, le monde se presse à Colombey-les-Deux-Eglises, le 9 novembre, pour commémorer la mort du général de Gaulle. Un géant par rapport aux nains qui lui ont succédé et s’en réclament. Indûment. Mais, cette année, l’un de ceux qui s’en réclament semble largement plus proche de la pensée du général que ses concurrents…
De Gaulle avait une conception essentialiste de la nation, à l’opposé de celle des négateurs de l’identité nationale. Sa conception de la souveraineté populaire était incompatible avec « l’état de droit », cache-sexe du pouvoir des juges. Florilège de citations rappelées par Jean-Yves Le Gallou.

Le général de Gaulle : une conception essentialiste de la nation

Les phrases qui suivent sont connues, régulièrement citées et jugées « controversées » :

« C’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. Qu’on ne se raconte pas d’histoires ! Les musulmans, vous êtes allés les voir ? Vous les avez regardés avec leurs turbans et leur djellabas ? […] Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante ? […] Mon village ne s’appellerait plus Colombey-les-Deux-Eglises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées ! » (Conversation entre de Gaulle et Alain Peyrefitte le 5 mars 1959 suite aux événements d’Algérie dans C’était de Gaulle, tome 1, Alain Peyrefitte, éditions de Fallois/Fayard, 1994, ISBN 978‐2‐213‐02832‐3, p. 52).

Cette déclaration est tellement « choquante » pour la bien-pensance contemporaine qu’elle est niée. Or c’est un verbatim d’Alain Peyrefitte, mémorialiste scrupuleux. Un mémorialiste dont personne sur le moment (en 1994) ne contesta la véracité des propos qu’il rapportait.

Au demeurant, cette citation reflète si bien la pensée du général de Gaulle qu’on la retrouve, sous une forme plus littéraire, dans les Mémoires d’espoir, livre qui s’ouvre ainsi : « La France vient du fond des âges » et qui se poursuit ainsi :

« Pour moi j’ai, de tout temps, mais aujourd’hui plus que jamais, ressenti ce qu’ont en commun les nations qui la peuplent. Toutes étant de même race blanche, de même origine chrétienne, de même manière de vivre, liées entre elles depuis toujours par d’innombrables relations de pensée, d’art, de science, de politique, de commerce, il est conforme à leur nature qu’elles en viennent à former un tout, ayant au milieu du monde son caractère et son organisation »
(Extraits des Mémoires d’Espoir, Tome 1, Plon, 1970, p. 1 et 181-182).

Une conception de la souveraineté incompatible avec l’État de droit

Là aussi nous sommes aux antipodes de la doxa dominante qui a fait des juges – européens, constitutionnels, administratifs et judiciaires – les législateurs de fait.

« Souvenez-vous de ceci : il y a d’abord la France, ensuite l’État, enfin, autant que les intérêts majeurs des deux sont sauvegardés, le Droit. »

Difficile de faire plus court et plus bref comme éloge de la raison d’État. C’est pourtant la première chose que le général de Gaulle ait dite à Jean Foyer lorsqu’il l’a nommé Garde des Sceaux en 1962. Et c’est cette phrase qui ouvre les mémoires de Jean Foyer : Sur les chemins du droit avec le Général : mémoires de ma vie politique (1944-1988).

On prête aussi au général de Gaulle cette formule choc :

« En France, la cour suprême, c’est le peuple » (cité par Olivier Duhamel)

Bien sûr, les esprits forts ne manqueront pas de dire qu’il s’agit de témoignages et non de déclarations. Mais là aussi les faits et les textes viennent appuyer l’authenticité des propos.

« Le suffrage universel est la seule source du pouvoir » : tel fut le premier principe fondateur de la constitution de la Ve République. Et d’ailleurs, lors de la rédaction du texte constitutionnel, les textes généraux (Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, Préambule de la Constitution de 1946) furent explicitement écartés du contrôle de constitutionnalité.

Et les propos du général de Gaulle sont très explicites.

« La parole est au peuple. La parole du peuple, c’est la parole du souverain » (Discours di 25 août 1944).

On le voit : rien n’est plus subversif au regard des normes actuelles du politiquement correct que les propos et la pensée du général de Gaulle. Dommage que tous ceux qui vont s’incliner devant son tombeau n’aient pas le courage d’assumer sans peur ses déclarations.

Jean-Yves Le Gallou

Source : Polemia

Crédit photo : Steiner, Egon/Wikimedia (cc)
[cc] Breizh-info.com, 2021, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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6 réponses à “Le général de Gaulle : identité, souveraineté, dissidence”

  1. Jean-Louis d'André dit :

    Ce qu’il y a de plus choquant dans ces déclarations de De Gaulle, c’est la façon dont il les a mis en pratique.
    C’est en effet au nom de cette identité européenne, blanche, gréco-latine et chrétienne de la France qu’il a abandonné l’Algérie et l’a livrée aux terroristes du FLN ; au nom de cette même identité qu’il a aussi largué l’AOF et l’AEF ; toujours au nom de cette même identité qu’il a renvoyé en Algérie où les attendaient les tueurs du FLN la plupart de ces harkis que des officiers courageux avaient réussi à rapatrier en métropole.
    Et l’immigration massive que nous subissons aujourd’hui n’est que la conséquence logique et inéluctable de sa politique : c’est la misère, conséquence directe de la décolonisation qui pousse les migrants à venir en France, d’autant qu’ils ont gardé le souvenir de la prospérité qui était la leur du temps de la présence française.

    • Rolland dit :

      Depuis longtemps, je fais exactement le même constat ! Nous payons aujourd’hui, depuis les années 60, la politique catastrophique de De Gaulle ! Mais les “zélites” qui le savent n’osent pas le dire ! Ou pas encore … !

  2. Rolland dit :

    Certes il aura dit de grandes choses ! Mais il aura fait le contraire de ce qu’il disait ! La fameuse souveraineté du peuple n’a jamais été qu’un leurre ! Le fameux “visionnaire” n’a jamais vu plus loin que la visière de son képi ! Il n’a jamais travaillé qu’à sa seule réputation … sur le dos des Français qu’il a toujours combattus !

  3. patphil dit :

    le bal des hypocrites à colombey mais aussi à bagneux où lepen fille a déposé une gerbe
    petit changement, les héritiers de mitterrand ne fleurissent plus la tombe de pétain

  4. Jerome Bodin dit :

    De Gaulle! Général de brigade à titre temporaire! Ce devrait plutôt être Général de division! Rares furent les hommes d’Etat à avoir réussi à diviser le peuple français de façon aussi profonde et durable! D’abord en 1940, puis en 1944-45, puis en 1958, puis en 1962-63 et suivantes. De Gaulle, collaborateur des communistes, De Gaulle, fusilleur de Français (n’a d’ailleurs, au cours de sa misérable existence, fait exécuté que des compatriotes, comme il l’a avoué lui-même), De Gaulle, objet manipulé par le salopard de Churchill, De Gaulle, bradeur de l’Algérie, destructeur de l’unité de l’Armée. De Gaulle : Deux Gaules : l’homme qui représente bien deux catégories de Gaulois : ceux qui ont la plus longue mémoire, dont parlait Nietzsche, et ceux qui lui tressent des lauriers parce qu’ils ne distinguent plus le bon grain de l’ivraie. De Gaulle, le Connétable du déclin!!! Fermez le ban! Le peuple français a ce qu’il mérite.

  5. Pschitt dit :

    Corollairement à la récupération universelle du général de Gaulle, on a subrepticement transformé le 11 novembre en 8 mai sous prétexte d’hommage à Hubert Germain. Or ces deux dates commémorent deux victoires entièrement différentes dans leur esprit. En 1914-1918, la France était souveraine et unie (les pacifistes contestaient la guerre, non la patrie), en 1940-1945, la France n’était plus actrice du jeu et elle s’était divisée entre ceux qui étaient à la remorque des Allemands, ceux qui étaient à la remorque des Anglo-Américains et ceux qui étaient à la remorque des Soviétiques. Le 8 mai 1945 n’a pas été la victoire d’une nation contre une autre mais d’une idéologie contre d’autres.

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