Scandale gestion des migrants : la femme et la belle-mère du 1er député noir d’Italie, Aboubakar Soumahoro, arrêtées

Quand sa femme est accusée d’avoir détourné un fleuve d’argent public destiné à l’assistance aux migrants pour s’acheter bijoux, sacs et vêtements de luxe, le premier député noir d’Italie, Aboubakar Soumahoro, avait invoqué rien de moins que le “droit à l’élégance et à la mode“. Ce qui eut fait rire, si l’Italien moyen ne peinait pas à arriver à la fin du mois et que les logements d’accueil des réfugiés gérés par la coopérative de la famille Soumahoro, n’étaient “une offense aux droits et de la dignité des personnes“, selon les enquêteurs.

De 2017 à 2022, la coopérative “Karibu” de , alias Madame Soumahoro et sa mère Marie Therede Mukamatsindo a perçu 28 millions d’euros provenant des caisses de l’État. Or, seule une faible part de ce montant a été dévolue à l’accueil des demandeurs d’asile et mineurs non accompagnés : les établissements surpeuplés manquaient de tout – chauffage, nourriture décente, hygiène – et les employés étaient mal ou non-rétribués. C’est à ces conclusions que sont parvenus les enquêteurs de la police financière qui ont mis aux arrêts les deux femmes, lundi 30 octobre. Elles sont accusées de fraude aux marchés publics, faillite frauduleuse et auto-blanchiment. De grandes sommes d’argent ont été réinvesties à l’étranger. À l’heure actuelle, plus de 2 millions d’euros ont déjà été saisis.

Si le juge d’instruction Giuseppe Molfese a décrit une “structure criminelle organisée au niveau familial“,  Aboubakar Soumahoro nie toute implication. Lors d’une entrevue télévisée, il tente tant bien que mal de défendre son épouse : lorsque le présentateur lui demande s’il ne trouvait pas inopportun de plaider la cause des plus pauvres aux bras d’une femme ayant l’habitude d’exhiber ses vêtements et sacs de luxe, le parlementaire répond :

“Cela ne m’a causé aucune forme d’embarras, car je pense que le droit à l’élégance et le droit à la mode sont une liberté. La mode n’est ni blanche ni noire. Elle est simplement humaine“.

Il fallait y penser : invoquer le droit en y ajoutant une pointe de racisme, rien de tel pour se blanchir de n’importe quelle accusation ! Il en remettra une couche dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, où, en larmes, il se dit victime d’une chasse aux sorcières :

“Mais dites-moi ce que je vous ai fait ? Toute ma vie j’ai lutté pour les personnes et leurs droits. Mais j’ai dédié ma vie à la lutte contre toute forme d’exploitation, vous voulez ma mort, vous avez peur de mes idées. Ma femme est au chômage actuellement, parlez avec elle…Vous avez peur de mes idées parce que vous savez que je n’y vais pas pour nettoyer les bureaux, j’y vais pour apporter la dignité, les droits de ceux que vous avez abandonnés. Vous voulez m’enterrer mais vous ne réussirez pas à enterrer les idées des invisibles, des retraités, des familles, des travailleurs, des migrants que je représente. Je suis une personne intègre, propre…”

 

Sur le fait qu’il ne pouvait ignorer le train de vie plus qu’onéreux de sa femme puisqu’il le partageait, il n’a pas convaincu. Un train de vie fait de fastueux restaurants, de spas et de séjours dans des hôtels à plusieurs milliers d’euros, ce qui passe difficilement inaperçu.

L’ex-cireur de chaussures en Côte d’Ivoire, syndicaliste des travailleurs immigrés en Italie, qui avait fait le buzz le jour de son entrée au parlement le poing levé et chaussé de bottes de caoutchouc couvertes de boue avait quitté son groupe parlementaire, l’Alliance des Verts et de la Gauche. Mais il reste en poste à l’Assemblée, bien qu’il soit désormais avéré qu’il ait joui, d’une façon ou d’une autre, des dividendes de l’exploitation des demandeurs d’asile dont il s’était fait le héraut. Une icône de la gauche bobo presque parfaite… Presque.

Audrey D’Aguanno

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