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Loi Travail : 64000 manifestants en Bretagne, émeutes à Nantes et Rennes

01/04/2016 – 07h25 Rennes (Breizh-info.com) – La journée de mobilisation inter-syndicale contre la loi Travail a globalement fait le plein, avec près de 800.000 manifestants en France (490.000 selon la police, 1.200.000 selon les syndicats). Ainsi, 20.000 personnes ont défilé à Toulouse, 11.000 à Marseille, 7.000 à Grenoble et plusieurs milliers à Lyon où 20 personnes ont été interpellées suite à des émeutes.

En Bretagne historique, 64.000 personnes ont défilé, dont plus de 29.000 dans la seule Loire-Atlantique. Les manifestations ont été émaillées de heurts, voire d’émeutes urbaines à Nantes et Rennes. Des voitures et des poubelles ont été brûlées par des manifestants déterminés à arrêter la police ; plusieurs manifestants et policiers ont aussi été blessés dans les affrontements.

Rennes : 8000 manifestants contre la loi travail et des heurts dans le centre historique

A Rennes, près de 8000 manifestants ont défilé dans le calme dans la ville jusqu’à 14h. Cette manifestation encadrée par les syndicats dispersée sans problèmes, un millier de personnes a tenté d’entrer dans le cœur historique de la ville, ce qui a donné lieu à de multiples heurts. A partir de midi, ils ont éclaté place de la République, puis place de Gaulle à 13 h et rue de la Chalotais dix minutes plus tard.

Ensuite, les manifestants se livrant à un jeu du chat et de la souris avec les forces de l’ordre, en montant des barricades puis en décrochant lorsque la pression devenait trop forte, les points de tension se sont déplacés rue du Maréchal Joffre (13h20), place de la République (14h), rue Jean Jaurès (15h50) où une voiture a été incendiée, rue du Maréchal Joffre encore à 16h, pour finir place Rohan à 18h10. Pendant ce temps là des affrontements avaient encore lieu place de la République de 17 à 19 heures. Finalement, les manifestants ont semé le trouble en ville et même incendié un véhicule rue Jean Jaurès vers 16h, mais ils n’ont pu parvenir jusque la place du Parlement où ils voulaient se rassembler.

Des défilés dans la « province bretonne » nombreux et calmes

Alors qu’à Rennes et à Nantes la situation dégénérait en cours ou à la fin de la manifestation, les défilés de la province bretonne étaient plutôt calmes. Tandis que les facultés de Nantes, Rennes II et Brest (lettres) étaient en partie fermées ou bloquées, seuls sept lycées étaient gravement perturbés. Parmi eux le lycée Brizeux de Quimper, le lycée Jean Perrin situé dans le quartier sensible de Château de Rezé au sud de Nantes, le lycée Nicolas Appert situé près du quartier sensible du Sillon de Bretagne au nord-ouest de Nantes, le lycée professionnel de la Joliverie situé au sud-est de Nantes et trois autres lycées nantais, à savoir Nelson Mandela (île de Nantes, sectorisé sur plusieurs quartiers sensibles du centre et de l’est, dont Malakoff et la Bottière), le lycée professionnel Bougainville à l’ouest de Nantes, près du quartier sensible de Bellevue, et le lycée Guist’hau, assez bourgeois et néanmoins habitué aux blocages.

Par ailleurs, dans le calme, plus de 13.000 personnes manifestaient dans le Finistère (8.000 à Brest, 2400 à Quimper, 1500 à Morlaix dont de nombreux lycéens, 900 à Quimperlé, 300 à Carhaix), pas loin de 10.000 en Loire-Atlantique hors Nantes (8000 à St Nazaire, 1000 à Ancenis – la police affirme qu’ils étaient 650 manifestants – et 250 à Châteaubriant). Dans les Côtes d’Armor ils étaient près de 4500 manifestants (1500 à Lannion, 500 à Dinan, 300 à Guingamp, 2000 à Saint-Brieuc, 250 à Loudéac). Par ailleurs, près de 5000 personnes ont défilé dans le Morbihan (4000 personnes à Lorient, 1300 à Vannes) et 2150 dans la campagne d’Ille-et-Vilaine (1000 à Redon, autant à Saint-Malo, 100 à Fougères et 50 à Vitré.

Cependant, on peut signaler qu’une cinquantaine de manifestants ont investi la mairie de Brest – où ils ont été reçus par le maire –, et qu’à Saint-Brieuc une centaine de lycéens ont bloqué en cours d’après-midi un rond-point situé boulevard Sévigné. A Loudéac aussi la manifestation s’est terminée par un blocage, cette fois de la route de Vannes ; une centaine de lycéens locaux s’en chargeaient au cours de l’après-midi. Toujours à Brest enfin, la faculté de lettres occupée dans la nuit par une cinquantaine de personnes proches de l’extrême-gauche a été dégradée par de nombreux tags.

Nantes :20.000 manifestants et des émeutes en ville toute la journée

Près de 20.000 manifestants ont défilé dans la ville de Nantes. Si près de 17.000 le faisaient dans le calme, 3000, majoritairement des jeunes issus des lycées de la ville voire des banlieues sensibles, s’affrontaient avec la police, encadrés par environ 200 militants d’extrême-gauche. Des émeutes ont éclaté en ville tout au long de la journée, de 10 h à 20h, avec de nombreux feux de poubelles, de barricades et même de voitures. En tout, 16 personnes ont été interpellés, 4 policiers blessés et au moins 4 manifestants, dont 2 par des tirs de flash-ball.

Les heurts ont commencé dès la fin de la matinée. A 10 heures, les dockers bloquaient le tram à Gare Maritime et marchaient vers la ville. Pendant ce temps, en marge du cortège qui défilait tranquillement dans le centre, des tagueurs se sont attaqués à plusieurs vitrines. Les banques Tarnaud et HSBC situées rue du Calvaire et déjà visées dernièrement l’ont été à nouveau ; la dernière a vu ses vitres barbouillées de jaune d’or pulvérisé à l’extincteur, tandis que des manifestants proches de l’extrême-gauche anarchiste tentait de briser les carreaux à coups de marteau. Des tags étaient aussi faits place Delorme, ainsi que sur des murs de la rue de Feltre (« Zad Calais même combat », « Nantes révolte toi », « Grève générale », « Révolte »). Plus bas en ville, les banques CIC, LCL, BNP et AFER situées rue des 50 Otages ont aussi été attaquées et taguées, ainsi qu’une succursale HSBC située dans le Bouffay. Rue de Strasbourg, vers 11h15, les tagueurs se sont attaqués à la BNP, à la mairie de Nantes – dont plusieurs vitres ont (encore!) été brisées – ainsi qu’à plusieurs vitrines dont une devanture siglée Vinci. Le nouvel hôtel a aussi été tagué, notamment avec un très explicite « on ne veut pas travailler ».

Vers midi les heurts se déplaçaient dans le secteur de la gare, puis vers 13h30 au Bouffay, dans le centre historique de Nantes. Matteo et sa petite amie étaient alors dans le cortège du côté de la gare : « les policiers ont commencé à balancer de la lacrymo [grenades lacrymogènes] alors que le cortège avançait tranquillement. Résultat, ça a dégénéré et c’est peut-être ce qu’ils voulaient ». Sa petite amie renchérit : « ils ont fait pareil rue Jean Jacques Rousseau, c’était dément, alors qu’il n’y avait pas de heurts ».

Selon plusieurs manifestants proches du milieu hospitalier, il y aurait au moins deux manifestants qui ont été blessés suite à des tirs de flashball : l’un aurait été blessé au ventre et pris en charge par des manifestants secouristes, l’autre aurait été blessé à la tête et admis aux urgences. Par ailleurs nous avons recensé au moins deux autres blessés parmi les manifestants : un jeune homme de 16 ans qui portait un bandage au bras car il avait reçu un pavé tranchant lancé par un autre manifestant, l’autre blessé par un tir de Flashball au genou après avoir tiré des projectiles sur la police. Un autre manifestant a été pris en charge par les pompiers après avoir fait un malaise suite aux tirs drus de grenades lacrymogènes dans les environs de l’hôpital. Quatre policiers ont été blessés d’après le bilan officiel – il s’agit de blessures légères. Officieusement, le nombre de blessés policiers est plus proche de la dizaine.

A 14h10, une barricade était en feu à Commerce. A 15h05, des manifestants masqués qui passaient par la place Aristide Briand se sont attaqués à l’hôtel Radisson Blu, situé dans l’ancien Palais de Justice. Oleg et Irina, touristes russes, étaient quelque peu étonnés : « on est sortis de l’hôtel, et là y avait une foule de jeunes masqués, qui criaient. Ils ont ensuite pris des extincteurs bourrés de peinture et ont barbouillé l’entrée et deux voitures garées devant. Puis ils sont partis en hurlant. Vos manifestations en France sont quelque peu étranges ». Bienvenue !

A partir de 15h30, environ 3000 jeunes – parmi lesquels 500 casseurs environs – se massaient entre la station de tram Hôtel-Dieu et l’entrée nord de l’hôpital. Des affrontements violents ont éclaté avec les forces de l’ordre, tandis qu’une poubelle était incendiée et les projectiles volaient de partout – la police tirait au flashball et des grenades lacrymogènes, tandis que les manifestants lui renvoyaient des grenades lacrymogènes fumantes, des bouts de pavés, et des bouteilles en verre. Les vitres du poste de garde de l’hôpital ont été aussi pulvérisées par des manifestants armés de barres en fer et de pavés. Des grilles de chantier, utilisées non loin par un chantier dans l’enceinte de l’hôpital, ont été sorties par des manifestants d’extrême-gauche, porteurs de boucliers et de masques, afin qu’elles leur servent de boucliers face aux policiers qui chargeaient.

La police usait à plusieurs reprises de grenades lacrymogènes et de canons à eau pour déblayer la place devant l’hôpital. Scindés en deux groupes par les voies ferrées, les manifestants se sont installés du côté de la gare routière et contre l’île Feydeau. Le trafic ferroviaire était interrompu vers 17 heures alors que des manifestants traversaient anarchiquement les voies face au château ; la police ferroviaire (SUGE) se déployait sur le fuseau d’entrée ouest de la gare de Nantes afin d’empêcher son éventuel envahissement par les manifestants.

Vers 16h30, des casseurs, essentiellement d’origine immigrée et issus de lycées des banlieues de Nantes, mettaient le feu à des poubelles et des conteneurs à l’extrémité de la chaussée de la Madeleine. Ils fracassaient ensuite une voiture, et la poussaient dix minutes après dans l’un des brasiers, tandis que deux de leurs camarades les filmaient de dos sur leurs smartphones. Les pompiers sont arrivés dix minutes après éteindre ce feu dangereux, tandis que des manifestants abasourdis, réfugiés dans un café, regardaient, impuissants, le brasier. Plusieurs manifestants de la CGT sont intervenus pour tenter d’empêcher les casseurs de sévir : ils n’ont pas réussi à sauver la voiture garée à proximité, ni la barre de la barrière levante du parking proche, littéralement arrachée par des jeunes survoltés, mais ont réussi à les empêcher de continuer à détruire le quartier.

Une demi-heure plus tard, côté Ile Feydeau, d’autres casseurs narguaient la police à l’angle des rues Kervégan et Bon-Secours pendant qu’ils cherchaient des projectiles et de quoi faire des barricades. L’un d’eux, armé d’un bâton et d’un smartphone, essayait de rassembler des renforts. Chassés de là, ils se sont repliés vers le centre historique et se sont en grande partie dispersés. Ceux qui étaient côté sud sont passés en partie vers la Cité des Congrès, où ils ont érigé une solide barricade formée de grilles, de chariots, de cartons et de poubelles face à la pharmacie située près du Lieu Unique et l’ont enflammée vers 17h45. Là encore, les policiers ont du utiliser canons à eau et grenades lacrymogènes à foison pour éloigner les casseurs, souvent armés de bouteilles en verre et de pavés, mais pas toujours masqués et cagoulés. Tout près, sur le pont du Lieu Unique, tout près des fourgons de CRS et de la police garés à la file depuis l’arrêt de la ligne 1 face au château jusque derrière le canon à eau situé côté Cité des Congrès, deux poubelles finissent de brûler.

A 18h40, des heurts ont éclaté à nouveau au niveau de l’Hôtel-Dieu alors que 500 jeunes – essentiellement des lycéens d’ailleurs – narguaient la police. Deux salves de grenades lacrymogènes, l’une de 25 projectiles à 18h47, l’autre d’une quinzaine deux minutes plus tard, ont déblayé les lieux. Quelques minutes plus tard, à 18h51 puis 18h55, des explosions fortes retentissaient depuis les abords de la place Royale.

Les heurts ont continué au début de la soirée – il y avait un appel à se rassembler à 19h au Bouffay et à tenir face à la police toute la nuit dans Nantes – mais cette fois à l’ouest du centre historique. Un « journal de bord » de la manifestation, enfin surtout de la fin de la journée, publié sur Citizen Nantes en témoigne. Vers 19h30 une poubelle brûlait face à la Médiathèque. A 19h40, des heurts éclataient en effet entre jeunes et policiers au niveau du carrefour entre le quai de la Fosse et la rue Flandres Dunkerque. Cette fois, c’étaient des lycéens en majorité, entraînés par l’effet de groupe et l’ivresse de la manifestation. Une barricade a été dressée par les manifestants, puis démantelée en trois tas par la police qui progressait rapidement vers l’ouest ; une poubelle et divers objets ont été incendiés. Des tags ont aussi été faits sur le bas du mur de l’ancien central téléphonique Cambronne, bel immeuble Art Déco pas encore rasé (contrairement aux infortunés Salons Mauduit ) qui domine de sa masse les immeubles du quai de la Fosse. Vers 20h10, 2 à 300 irréductibles étaient chassés par la police dans le secteur des Nefs, de l’autre côté du pont Anne de Bretagne, où trois poubelles brûlaient depuis dix minutes. Enfin à 21 heures il restait encore une quarantaine de jeunes qui s’étaient réinstallés devant l’Hôtel-Dieu en écoutant de la musique techno.

Crédit photo : breizh-info.com
[cc] Breizh-info.com, 2016 dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine

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Une réponse à “Loi Travail : 64000 manifestants en Bretagne, émeutes à Nantes et Rennes”

  1. madie dit :

    qui va payer ?

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