Rattrapé par la crise de l’immobilier neuf, le patron du groupe Réalités s’est trouvé, dans les colonnes de Ouest France et de la lettre API, un coupable – rien de moins que les mesures anti inflation de la banque centrale européenne !
Que Yoann Choin-Joubert accuse de « crime économique », tout en reconnaissant « ne pas avoir vu le retournement du marché ». Résultat des courses, quinze opérations neuves annulées, 150 salariés de moins sur 550 et, comme il s’en plaint dans API, le plus important sacrifice sans doute – il a du arrêter de voyager en jet privé.
Du reste, Réalités n’est pas le seul à être dans la panade. Le géant Nexity, qui compte 8200 salariés, après avoir annoncé des résultats 2023 en forte baisse, a déclaré son intention de faire un plan social en avril prochain et de réformer son modèle.
L’immobilier neuf est frappé de plein fouet par l’inflation et la hausse des taux – sa production a chuté de moitié en 2023, les bureaux sont de moins en moins occupés du fait du télétravail, les politiques écologistes perturbent la création nette de logements et de lotissements neufs, mais la ville peut se reconstruire sur elle même en se densifiant et en reconvertissant friches et délaissés – 76 opérations neuves de Nexity sont faites dans ce cadre, sur des espaces déjà artificialisés.
Par ailleurs comme l’explique la Dépêche le 12 février dernier plusieurs interventions du gouvernement Macron ont bien plombé le secteur : « l’instauration de la réduction de loyer solidaire (RLS) qui a amputé les groupes HLM d’1,3 milliard d’euros de recettes par an depuis 2018. À court de ressources, nombre de bailleurs sociaux ont réduit parfois de moitié la construction de logements sociaux. L’exécutif a également restreint l’accès au prêt à taux zéro pénalisant les primo-accédants puis a annoncé la fin du dispositif Pinel qui permet aux particuliers jusqu’à fin 2024 d’investir dans l’immobilier locatif en échange d’un avantage fiscal ».
Résultat provisoire, en attendant le prochain livre de Bruno le Maire sur le sujet, « les candidats à l’achat ne sont plus finançables, les promoteurs ne construisent plus de nouveaux logements avec des mises en chantier en recul de 22 % et cerise sur le gâteau, les maires délivrent toujours moins de permis (-23,7 % en 2023 en France). L’an dernier seuls 280 000 logements ont été mis en chantier en France soit le même niveau qu’en 1992, grande année de crise immobilière ».
A l’automne dernier 30.000 emplois étaient estimés menacés dans le secteur – ils seraient 150.000 dans l’immobilier et les métiers annexes (etudes, assureurs, notaires) à l’horizon 2025 selon la Fédération française du bâtiment, et encore autant dans les métiers du bâtiment. Les responsables de Nexity affirment, eux, à la fois que le « fond de la piscine est atteint » et que la « sortie de crise sera longue ». Vinci immobilier a aussi annoncé un plan social – encore une entreprise qui doit se féliciter de ne pas avoir lancé le chantier d’un certain aéroport dans la campagne nantaise.
Nombre de petits promoteurs – et constructeurs de maisons individuelles – sont en train de mettre la clé sous la porte, 650 en 2023 dont le nantais Domeus, les Maisons Rennaises, Maisons d’i dans le Morbihan, Nezou et Lignal dans le Finistère – rachetés par un groupe parisien, ou plus récemment les Constructions Labbé – laissant à chaque fois des dizaines de familles en plan, l’achèvement des chantiers à leur charge, leurs biens invendables et leur capacité d’investir ou de réinvestir obéree pour des années. Les faillites se propagent aux bureaux d’études – l’agence d’urbanisme in Situ à Nantes, notamment, et aux usines – le constructeur de maisons modulaires E-Loft dans les Côtes d’Armor (167 salariés), etc.
Aucune sortie de crise à court ou moyen terme ne semble se dessiner pour l’instant, ni en Bretagne, ni en France.
Louis Moulin
Crédit photo : DE
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Une réponse à “Immobilier. Le groupe Réalités en crise ?”
Solution pour trouver un logement: déguisez-vous en immigré, même clandestin.