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Les algues de l’ancien commandant du GIGN agitent Doëlan et Moëlan

03/11/2014 ‑ 07H00 Clohars-Carnoët (Breizh-info.com) – La culture des algues, c’est comme les énergies renouvelables : tout le monde est pour. Du moins sur le papier. Sur le terrain, c’est autre chose : les beaux projets ont leurs vilains côtés. Et parfois les seconds l’emportent sur les premiers. Clohars-Carnoët, Doëlan, Moëlan-sur-mer et Brigneau sont agités depuis plusieurs mois par un grand projet d’algoculture sur plusieurs centaines d’hectares au large de leur territoire.

De nombreuses réserves ont été exprimées par les habitants, les pêcheurs, les plaisanciers et les écologistes des environs. Quatre cents personnes avaient manifesté sur le port de Doëlan en juillet dernier à l’initiative de six associations : ACR (Amis des chemins de ronde), Apud (Association des plaisanciers et usagers de la rivière du Bélon), Bretagne vivante Quimperlé, DCE (Doelan Clohars Environnement) et RBBBM (Rivières et bocages de Bélon, Brignean et Merrien), Eau et rivières de Bretagne. Le préfet du Finistère vient néanmoins de signer un arrêté autorisant le projet.

En l’état, c’est moins le projet que la manière opaque dont il a été mené qui soulève les oppositions. L’enquête publique préalable a été menée au mois de janvier dans la plus grande discrétion, aucune concertation sérieuse n’a été organisée, aucune réponse précise apportée aux rapports d’experts pointant les éventuels inconvénients du projet…

Un port et des routes inadaptés

Une monoculture d’algues sur 225 hectares en mer peut présenter des inconvénients. D’importantes expérimentations sont en cours dans le programme de recherche Idealg. Il aurait sans doute été préférable d’attendre ses conclusions. Quant à la suite, à terre, elle est franchement alarmante. Ainsi, jusqu’à 150 tonnes d’algues seraient débarquées quotidiennement à Doëlan puis transportées en semi-remorque vers Moëlan, où se trouverait l’usine de séchage. Mais le petit port de Doëlan n’est absolument pas adapté à cet usage, et encore moins les dessertes routières, sinueuses et étroites. Par ailleurs, le traitement des algues à terre exigerait énormément d’eau douce et générerait beaucoup de déchets.

Le projet est porté par deux sociétés ad hoc, Algolesko et Bamejyot, deux petites sociétés anonymes créées en 2013. Algolesko se présente elle-même comme « une véritable symbiose humaine autour des Algues qui rassemble trois associés aux parcours respectifs complémentaires et aux objectifs communs » : Josick Thaéron « un acteur historique et leader du domaine de l’ostréiculture (Belon, Marennes, Portugal et Irlande) », Jakès Prat, « marin et ostréiculteur passionné de biologie marine » qui « cultive depuis plus de 10 ans des algues brunes en Finistère Sud » et Philippe Legorjus, président de Vuelto Group, « un acteur engagé du développement économique et de l’autonomie énergétique de la Bretagne ».

Drôle de partenaire

C’est ce troisième homme qui intrigue et inquiète. Vuelto Group se présente sur son site web comme une « S.A au capital de 2.292.340,00 €, inscrite au RCS de Nantes sous le numéro B 508 624 087, et représentée par son président du Directoire M. Philippe Legorjus ». En réalité, depuis le 1er octobre dernier, Philippe Legorjus en a quitté la présidence, laissant l’entreprise entre les mains de membres de sa familles, et le capital a été réduit à seulement 37.500 euros. Créée en 2008, la société a accumulé d’énormes pertes pendant plusieurs années (près de 1,4 million d’euros en 2013, près de 1,9 million en 2012, plus de 6 millions en 2011). Elle est en redressement judiciaire depuis le 2 avril 2014.

Ancien commandant du GIGN où il n’a pas laissé que de bons souvenirs (il a participé à l’affaire de la grotte d’Ouvéa et reconnaît y avoir eu « des absences dangereuses »), ancien gauchiste toujours bien introduit dans certains milieux socialistes, Philippe Legorjus parle volontiers de morale (il est co-auteur de deux livres, La Morale et l’Action et Ouvéa : la République et la Morale). Ses activités d’homme d’affaires lui ont néanmoins valu des reproches. Il dirige une constellation de sociétés pour la plupart domiciliées à Orvault, dans la banlieue nantaise. Moins d’un mois après la mise en redressement judiciaire de Vuelto Group, il a créé via sa société de conseil Tiputa Conseil une autre société tournée vers l’énergie. L’énergie était une reconversion pour Philippe Legorjus, précédemment actif dans l’intelligence économique, c’est-à-dire souvent l’espionnage économique. Ses méthodes mises en évidence dans une enquête du Point ont été vivement critiquées par l’un de ses anciens associés, Bruno Delamotte, dans Les coulisses de l’intelligence économique. Il a aussi été mis en cause lors d’une affaire de trafic d’informations policières. Sa soudaine reconversion vers l’algoculture suscite donc quelques interrogations.

Crédit photo : Breizh-Info
[cc] Breizh-info.com, 2014, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.
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5 réponses à “Les algues de l’ancien commandant du GIGN agitent Doëlan et Moëlan”

  1. JLM dit :

    Qu’en pense le “doc” ?

  2. Varocq dit :

    En vous souhaitant …:-)

  3. legorjus dit :

    A part le titre, breizh-info délivre dans cet article une série quasi continue de fausses informations et d’éléments diffamatoires.Quelques exemples:
    – le projet lui-même a fait l’objet non seulement d’une enquête publique pendant les fêtes de Noël dernier et en janvier 2014, mais les porteurs de projet ont rencontré la plupart des acteurs locaux élus et professionnels dans les mois précédents. A la quasi unanimité, et malgré des réserves dont il a été tenu compte aussi bien par nous même que par l’administration préfectorale, le projet a reçu un accueil favorable, à l’exception bruyante des associations que vous citez et du seul maire de Moëlan, lequel est prisonnier de ses engagements électoraux.
    – la superficie concernée est de 200 ha pour les algues et 37 ha pour les coquillages. La plus grande “expérimentation” en cours n’est pas le programme IDEALG, grand absorbeur de subventions publiques, mais bien notre exploitation de Lesconil(150 ha)dont la 2 ème saison a démarré.
    -la suite à terre n’est toujours pas actée et si elle doit se confirmer(ce qui n’est pas certain, d’autres options étant à l’étude)elle ne concernera que 40 t/jour, soit 4 voyages en remorque agricole. Aucun traitement à terre n’est prévu hormis un séchage sur un site déjà équipé. Aucun déchet non plus, à l’exception de paillettes retraitées sur place.
    – le drôle de partenaire:je ne suis plus président de la société citée depuis plus de 2 ans, la société a été en grande partie reprise par Climatel Energies(quasi totalité des emplois sauvés), et le reste a été mis en liquidation.Je dirige 2 entreprises familiales(et non une constellation), dont Tiputa Conseil créée en…2009(voir kbis)et non 1 mois après la date de RJ indiquée par vous.Je n’ai jamais été mis en cause dans aucune affaire judiciaire, ce qui n’est pas le cas de la personne dont vous reprenez le témoignage.
    – je suis très fier aujourd’hui encore de m’être engagé à Ouvéa dans un combat qui n’était pas que militaire; je n’ignore pas m’être attirée ainsi l’inimitié des extrémistes de tout poil, rouges et bruns.
    Je ne suis et n’ai jamais été proche d’aucune mouvance politique comme vous le laissez entendre. Profondément attaché au territoire breton et à ses valeurs, je suis effectivement engagé dans une démarche économique et sociale de valorisation des immenses atouts de notre région.

  4. Pat dit :

    Voilà ce qui, quoiqu’en disent ses détracteurs, s’appelle… Une réponse !

  5. LAINEg dit :

    Principe de précaution, surface de la mer non privatisable, pollutions diverses probable atteinte aux tourismes etc…

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