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Grèce : d’une incertitude à l’autre

21/09/2015 – 07H00 Athènes (Breizh-info.com) – Les résultats des élections qui se sont tenues dimanche en Grèce ont donc donné le Syrisa vainqueur. L’effet de balancier que certains espéraient, n’a pas eu lieu…

 

Résultats

Syriza – Ultra Gauche : 35,37%  (144 sièges)
Nouvelle Démocratie – Droite : 28,17% (75 sièges)
Aube Dorée – Extrême droite : 7,21% (19 sièges)
Pasok – Centre gauche : 6,42% (17 sièges)
Parti communiste : 5,48% (15 sièges)
Potami – centre gauche, centre, centre droit : 3,84% (10 sièges)
Grecs indépendants (droite souverainiste) : 3,73% (10 sièges)
Union des centristes : 3,52% (10 sièges)
Avec 2,82% des suffrages seulement, l’Union populaire (les frondeurs du Syriza) n’entre pas au parlement.

La majorité absolue étant de 151 sièges et le Syriza n’en disposant que de 144, Tsipras , à peine une demi-heure après l’annonce des résultats officiels, a contacté  M. Kammenos, président des Grecs indépendants pour « poursuivre leur collaboration » c’est-à-dire former un nouveau gouvernement : les deux hommes sont tombés d’accord.

La Nouvelle droite qui, sur la foi des sondages, espérait une courte victoire et qui, par la voix de son président M. Meïmarakis, avait fait un « appel du pied » à Syriza, avant les élections, pour un gouvernement d’union nationale, est devancée de plus de 7 points. L’ampleur, assez inattendue, de cette défaite ajoutée à l’accord déjà conclu entre Tsipras et Kammenos, exclut désormais toute association de la droite et du Syriza.

Et maintenant ?

Depuis des semaines, voire des mois, les Grecs sont déboussolés, ne savent plus qui croire, en qui avoir confiance… Cet état d’esprit semble confirmé par le fait qu’une frange non négligeable de l’électorat des grands partis est très instable et a voté pour un parti très différent de celui sur lequel il s’était porté aux élections de janvier.

D’ordinaire, le Grec a la réaction primaire du supporteur d’une équipe de football ; il crie des slogans, il se sent sécurisé par son appartenance à un groupe, à un parti, il vote pour une idole, pour un personnage en vue, pour qui lui ment le plus élégamment : lutte pour l’emploi, lutte contre l’immigration, lutte pour une diminution des impôts, lutte contre les re-nationalisations, etc.

Un changement d’attitude

Or, de ce point de vue, les 62 %  de « non » au référendum de juillet ne sont pas un plébiscite pour Tsipras. Il s’agit d’un cri de désespoir d’individus appartenant à tous les courants politiques : un changement d’attitude remarquable donc, mais très probablement éphémère ; les Grecs ont cette fois-ci voté, intelligemment dirons-nous, contre  les memoranda de la troïka (FMI, BCE, CE) et les politiques d’austérité qui touchent le plus grand nombre et non en faveur d’un sauveur providentiel.

Au reste, en janvier, Tsipras avait été porté au pouvoir avec 36% des suffrages ; cela marquait déjà un semblant d’évolution de l’électorat qui optait davantage pour les propositions d’un homme neuf plutôt que pour son image ou pour son parti.

Le changement dans la continuité

Malheureusement, il s’est avéré que les nouveaux élus sont retombés dans leurs anciens travers ou dans les travers de leurs anciens… Diverses affaires de concussion, de prévarication, des abus de biens sociaux, et autres cas de favoritisme ou d’actes de népostisme ont été révélés par la presse. D’autre part, les divergences de point de vue entre l’ancien ministre des finances Varoufakis et le 1er ministre Tsipras ainsi que la fronde de l’aile gauche de Syriza, désormais matérialisée par scission de Panayotis Lafazanis et la création de son nouveau parti « Laïki Enotita » (Unité populaire), ont achevé de semer de nouveau la confusion, le doute, la méfiance et un extrême désarroi dans les esprits.

De son côté, Evanguelos Meimarakis, qui a succédé à Antonis Samaras démissionnaire, préside désormais le groupe d’opposition le plus fort, la droite traditionnelle : Nouvelle Démocratie… Mais, à peine nommé, il a été, pour reprendre l’expression consacrée «rattrappé par les affaires » : pots de vin, fuite de capitaux, fraude fiscale…

L’alliance Syriza – Grecs indépendants

Comme il a été dit plus haut, un gouvernement de coalition reposant sur ces deux partis va être formé. Quasiment le même que le précédent, mais sans les frondeurs… Mais que va pouvoir faire de différent ce « nouveau » gouvernement ? Le précédent avait accepté le diktat de la troïka. Celui-ci aura-t-il le courage d’un affrontement avec les autres européens ? Difficile de le croire… Mais pour les grecs, toujours la même incertitude, la même angoisse…

A l’heure où les résultats sont publiés par les médias, les discussions des politiques sur les différentes chaînes de TV portent davantage sur des différences de pourcentages que sur les propositions à faire et les décisions à prendre pour régler les problèmes qui affectent la Grèce. Il est d’ailleurs significatif de constater que le 3e parti de Grèce (après le Syriza et la Nouvelle Démocratie), à savoir l’Aube Dorée, l’extrême droite, qui a fondé sa campagne sur la lutte contre l’immigration et pour la préférence nationale, n’a été invitée sur aucune des chaînes.

Ceci posé, les résultats – 35 % –  montrent la très bonne résistance du Syriza par rapport aux résultats de janvier – et ce, bien que Tsipras n’ait pas eu la fermeté annoncée face aux exigences du triumvirat Schäuble – Djesselboem – Merkel. Ainsi donc,  alors que, outre le problème majeur de l’immigration, restent dans toutes les conversations des simples citoyens celui du chômage, la quasi certitude que la Grèce ne pourra jamais rembourser sa dette, ainsi que la crainte ou le souhait du grexit, ces questions sont passées ce soir sous silence dans les médias au profit de la « politique politicienne ». Et les Grecs restent avec un grand point d’interrogation en ce qui concerne leur avenir…

Photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2015, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine

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Une réponse à “Grèce : d’une incertitude à l’autre”

  1. Marie Martin dit :

    Comment se fait-il qu’en Grèce, Aube Dorée, compte tenu du contexte, n’obtient pas plus de suffrages ?
    L’Extrême Droite aurait donc moins la confiance du peuple face à l’Extrême Gauche ou coalitions ?
    Leur programme ne tient pas la route ?
    Ne pas être invité sur une chaîne peut-être mais, l’adhésion par le peuple à leurs idées est loin d’être gagné.

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