10/10/2015 – 07H00 Rennes (Breizh-info.com) – Le référendum organisé par le PS et portant sur « l’unité de la gauche et des écologistes aux régionales face à la droite et à l’extrême droite » (sic) aura lieu les vendredi 16, samedi 17 et dimanche 18 octobre. Trois jours donc. Des urnes seront disposées sur les marchés, les places, les gares ou encore les sorties de métro. Les sympathisants de gauche pourront aussi voter sur Internet avec l’ouverture d’un site dédié le 16 octobre. Seule condition, à chaque fois pour pouvoir participer :laisser son nom et son prénom ainsi qu’une adresse e-mail.
La direction du PS espère atteindre les 300 000 votants. Un chiffre « cinq fois supérieur à celui de la participation au congrès de Poitiers [65 000], qui montrerait que le PS a réussi à dépasser son propre réseau », estime Christophe Borgel, secrétaire national du PS chargé du pôle animation, élections et vie du parti. Pour le « M. Elections » du PS, une participation supérieure, avec « 400 000 à 500 000 votants serait un grand succès ». Un score qui sera pourtant difficile à atteindre. Selon un sondage Odoxa pour Le Parisien et BFM TV publié le 26 septembre, un peu moins d’un sympathisant de gauche sur cinq (18%) se dit prêt à participer (Le Figaro, 29/09/2015).
Une « charte d’engagement sera présentée à chaque votant », a par ailleurs annoncé Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, précisant qu’un million de tracts et 100 000 affiches seront envoyés aux fédérations du PS (Le Figaro, 30/09/2015).
Alors là, les choses se compliquent doublement. D’abord, pour distribuer des tracts, il faut des militants. Ensuite pour aller coller des affiches, il faut encore des militants. Espèce devenue rare aujourd’hui dans l’organisation de la rue de Solférino. Les élus ont perdu l’habitude de mettre les mains dans le cambouis, tandis que les apparatchiks (Ena et Sciences-Po) n’ont nulle envie de faire cette expérience.
Evidemment, les « initiés » savent bien que les deux chiffres (un million et 100 000) sont du bidon. Jamais la direction du PS ne demandera à des imprimeurs de tirer de telles quantités, faute de bras pour faire le travail. Ce sont des chiffres qui sonnent bien, que l’on sort à toutes les grandes occasions, sans y croire vraiment. C’est de la com’ et c’est ça l’essentiel.
Concrètement, au moins 2 000 urnes seront installées, soit une pour chaque canton. Un « objectif minimal », selon Christophe Borgel (Le Figaro, 29/09/2015).
Désormais, la Bretagne compte 133 cantons, ce qui signifie 133 urnes (27 dans les Côtes-d’Armor, 27 dans le Finistère, 27 en Ille-et-Vilaine, 31 en Loire-Atlantique et 21 dans le Morbihan). Pendant une journée, trois équipes de deux apparaissent nécessaires pour faire fonctionner une urne. Ce qui exige la mobilisation d’un millier de « militants » sur l’ensemble de la Bretagne. Seront-ils volontaires pour revenir les deux autres jours ? L’enthousiasme qui prévalait lors des primaires pour la présidentielle de 2012 n’étant plus d’actualité, on peut supposer que les adhérents du PS – et les sympathisants de gauche – ne se bousculeront pas au portillon pour faire le boulot. Reste la possibilité de s’adresser à Pôle emploi ou à une boite d’intérim…
Aux élections départementales de mars 2015, on avait déjà pu observer les difficultés que rencontrait le PS en zone rurale pour monter ses équipes (deux candidats et deux remplaçants par canton). On avait alors eu recours à des « divers gauche », et à des « sans étiquette ». En Ille-et-Vilaine, le Ps et son allié PRG se dissimulaient même derrière l’enseigne « Energies solidaires ».
Enfin, pour la petite histoire, Le Canard de cette semaine rapporte la question que les Verts aimeraient poser aux électeurs lors de ce fameux référendum : « Face à la droite et à l’extrême droite, souhaitez vous que le gouvernement tienne ses engagements et mène une politique de gauche. » Cruels, les camarades…
B. Morvan
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