Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Gabon : les deux crocodiles et le marigot

Vaste de 267 000 km2, le Gabon est peuplé par moins de deux millions d’habitants divisés en une multitude de tribus qu’il est possible de rattacher à huit principaux groupes linguistiques eux-mêmes subdivisés tout en étant régulièrement entrecroisés. Il s’agit  des Fang  32%, des Mpongwe 15%, des Mbédé 14%, des Myéné 10%, des Shira-Punu 12%, des Kota, des Tsogo, des Njabi et des Bété qui totalisent environ 90% de la population du pays.

Ce désert humain recèle des richesses pétrolières. Depuis 1967, elles profitent au clan présidentiel gravitant autour de la famille Bongo, d’origine téké (Batéké), une des plus petites ethnies du pays.

Lors des élections présidentielles du 27 août dernier, le président sortant, Ali Bongo Ondimba né en 1959 et qui avait succédé à son père en 2009, avait face à lui Jean Ping Okoka, né en 1942.

Ce dernier, ancien haut fonctionnaire de l’ONU et de l’Union africaine est de père chinois et de mère Nkomi-Myéné de la région de Lambaréné. C’est un vieux cheval de retour pur produit du clan Bongo puisqu’il fut ministre d’Omar Bongo durant 18 ans, de 1990 à 2008, tout en étant le compagnon de sa fille Pascaline Bongo avec laquelle il eut 2 enfants. Or, paradoxalement, toute sa campagne qui fut d’une grande violence de ton et d’une rare vulgarité, fut orientée sur deux thèmes :
– La dénonciation du clan qu’il a si longtemps servi et grâce auquel il a bâti sa fortune.
– L’accusation portée contre  Ali Bongo Ondimba  de n’être pas le fils de son père, ni même d’être d‘origine gabonaise. Qu’un fils de Chinois accuse le président sortant d’être étranger prêterait à rire si les thèmes de la campagne étaient oubliés au lendemain du scrutin ; or, il est à craindre que tel ne soit pas le cas…

Les principaux soutiens de Jean Ping étaient des caciques du clan Bongo qui, sentant le vent tourner, avaient décidé de trahir celui auquel ils devaient tout. Ainsi l’ancien Premier ministre fang, Casimir Oyé Mba. Comme à cet apport ethnique déterminant, s’est ajouté celui des Myéné, le candidat du « renouveau » et de la « rupture » était donc assuré d’obtenir au minimum  40% des suffrages.

Les résultats du scrutin étant contestés, force est donc de constater que l’impératif démocratique vient donc de déstabiliser un nouveau pays d’Afrique.

Bernard Lugan

Source

Crédit photo : DR

Cet article vous a plu, intrigué, ou révolté ?

PARTAGEZ L'ARTICLE POUR SOUTENIR BREIZH INFO

Une réponse à “Gabon : les deux crocodiles et le marigot”

  1. PL44 dit :

    Il est très probable en effet que la démocratie parlementaire à l’européenne soit difficilement applicable au Gabon. Mais si seuls les Fang avaient le droit de vote, cela poserait peut être plus de problèmes que ça n’en résoudrait. Ou alors, il faudrait des états ethniques comme si la colonisation n’avait jamais existé mais ça ne sera pas forcément tout simple.

ARTICLES EN LIEN OU SIMILAIRES

International

Le magazine New African révèle les 100 Africains les plus influents de 2023

Découvrir l'article

Immigration, International

Immigration clandestine. La Hongrie va envoyer des militaires au Tchad

Découvrir l'article

International

Quid de la nouvelle politique africaine de la France ? L’Afrique réelle n°166 vient de sortir

Découvrir l'article

International

Bernard Lugan : « La démocratie est facteur de guerre en Afrique ! »

Découvrir l'article

Environnement

Une étude soutient que les ancêtres des humains et des singes ne sont pas apparus en Afrique

Découvrir l'article

Vu ailleurs

Après le Mali et le Burkina Faso… aujourd’hui le Niger… et demain le Tchad…

Découvrir l'article

International

Gabon : un coup d’Etat « familial » ? Le n°165 de l’Afrique réelle est sorti

Découvrir l'article

A La Une, Histoire

La roue. Une invention européenne, perfectionnée par les Celtes, introduite en Afrique par les Français

Découvrir l'article

International

Niger, le pustch de trop pour la France ?

Découvrir l'article

International

Le Niger, un partenaire économique négligeable pour la France

Découvrir l'article

PARTICIPEZ AU COMBAT POUR LA RÉINFORMATION !

Faites un don et soutenez la diversité journalistique.

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur Breizh Info. Si vous continuez à utiliser le site, nous supposerons que vous êtes d'accord.

Clicky