Nantes : le blocus continue à la fac, l’opposition aux grévistes grandit

Suite aux blocages de mardi et au mail du président condamnant fermement les blocus, les étudiants ont reconduit le mouvement malgré les volontés « d’échange » du président Olivier Laboux et sa demande de réouverture des bâtiments. Faire des mails fermes n’a pas suffi à décourager la centaine de militants d’ultra-gauche à bloquer le campus du Tertre et ses 11 000 étudiants et enseignants.

En effet, ce matin, donc, à l’arrivée vers 6 heures des militants d’extrême gauche, ceux-ci ont trouvé avec surprise le campus bloqué, et ont commencé une AG dehors. Et de se plaindre de cette absence d’amphi, tandis qu’un des nombreux professeurs présents peste : « Mais p…, la faute à qui ? Ce n’est pas nous qui l’avons fait le blocus ! On ne va pas rester dans le froid, ils font ch…r ! » Mais si…

Une réunion « d’échange » très tendue, l’ultra-gauche insulte le doyen de la fac de Langues (FLCE)

Enfin à 10 heures, la réunion prévue par la présidence commence à s’organiser dans l’amphi F de la faculté de droit — où les étudiants pro-blocus en ont profité pour dégrader les tables. Après le château du Tertre saccagé et les salles occupées du sous-sol du bâtiment de Censive, la dégradation volontaire semble faire tout autant partie de l’ADN des luttes d’ultra-gauche à Nantes que les banderoles artistiques.

Cela commence par batailler ferme avec les doyens des UFR présents pour cette réunion. En effet, les membres de l’ultra-gauche entendent bien faire la loi et imposer leur lieu de réunion. L’université, elle, revendique le droit pour le personnel administratif au moins de l’accès aux bâtiments, leur travail interrompu devenant urgent. La réunion se déroule extrêmement tendue entre étudiants, professeurs et personnels solidaires des mouvements d’extrême gauche, et doyens des différents UFR. Au sein des étudiants, un petit échange d’« amabilités » a lieu entre les différentes composantes syndicales, notamment entre les bloqueurs habituels principalement UNEF, et InterAssos (contre parcoursup et le plan Vidal, mais contre les blocages).

Rien n’est décidé, après une réunion de deux heures, juste ébauchée l’idée d’une université populaire qui prendrait place dans la partie du sous-sol du bâtiment Censive précédemment squattée par les clandestins de novembre à mars et une charte pour les étudiants grévistes visant à banaliser automatiquement chaque journée de mobilisation afin que les étudiants « puissent utiliser leur droit de grève » — qui n’existe pas, puisque le droit de grève est attaché au travail. Légalement, les étudiants se privent du bénéfice des cours, enfreignent l’obligation d’assiduité et, s’ils bloquent les bâtiments, vont à l’encontre de la liberté d’aller et venir dans un lieu public.

Cependant, tous les doyens d’UFR ont été amenés à donner leur position par rapport à la loi ORE (plan Vidal et Parcoursup). Tous ont donné un avis plus ou moins nuancé contre cette réforme. Le plus dur face à ce mouvement étudiant a été le doyen de la faculté de langues (FLCE), qui n’a entre autres pas accepté d’avoir été menacé, seul face à quinze étudiants armés de barres de fer qui l’ont empêché de rentrer dans la faculté de Langues, puis de se faire insulter par une étudiante au moment de sa prise de parole en amphi.

Pour l’UNI la présidence de l’Université cède aux quatre volontés de l’ultra-gauche

L’UNI a condamné nettement la situation à l’Université par la voix de Luc Gadollet : « Ce nouveau blocus, comme les précédents, est purement scandaleux. Les activistes refusant toute forme de sélection (à l’université comme aux frontières) ont occupé illégalement des bâtiments, saccagé le château du Tertre et vandalisé la présidence. Ils s’en prennent désormais aux étudiants et continuent de se réunir impunément sur le campus. Le Président de l’université a mis à leur disposition un nouvel amphithéâtre ce matin afin qu’ils puissent voter le prochain blocus. Un cours de droit devait y être dispensé, il a été déplacé et les étudiants ont dû se rendre à l’IAE (faculté d’économie) pour assister à ce cours. La présidence applique parfaitement l’expression biblique « Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, tends-lui aussi la gauche”.

Le collectif Nantes Libre appelle le président de l’Université Olivier Laboux à prendre ses responsabilités

Opposé aux blocages, le collectif Nantes Libre a publié sur Twitter le 15 février dernier une lettre ouverte critiquant la « complicité ou le manque de courage” du président de l’Université Olivier Laboux face aux bloqueurs : « depuis le 20 novembre, vous laissez une minorité d’activistes occuper une grande partie du bâtiment Censive et du château du Tertre [dont ils ont finalement été expulsés le 7 mars NDLA] Plus grave encore, vous leur avez offert un certain nombre de garanties. Par la suite, l’occupation s’est étendue”.


Pour le collectif Nantes Libre, “désormais la situation s’enlise et les étudiants en sont les premières victimes. Aujourd’hui les étudiants nantais sont les otages d’une minorité d’ultra-violents qui continue d’agir impunément. Ces derniers sont dangereux et ne veulent pas négocier”. Ce qui était vrai au 15 février l’est toujours à la mi-mars : la volonté du président Laboux de faire “un temps d’échange” plutôt que d’exiger de la centaine de bloqueurs de rendre le campus du Tertre à sa vocation enseignante était dès le début promise à l’échec. Faudra-t-il que le président Laboux démissionne pour que les étudiants de l’Université de Nantes puissent retourner à leurs chères études et passer leurs examens dans la sérénité ?

Hélène Lechat

Crédit photo : Breizh-info.com
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