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Brest. Bernadette Malgorn : « Ce qui m’importe avant tout c’est l’avenir des Brestois ! »

La campagne des municipales bat son plein, notamment à Brest, où, comme à Rennes et à Nantes, ils sont nombreux à espérer la fin du règne sans partage, pluri-décennal, du Parti socialiste dans la ville.

À Brest, celle qui semble éventuellement la mieux placée pour renverser François Cuillandre se nomme Bernadette Malgorn, chef de l’opposition de la droite et du centre au conseil municipal.

À quelques semaines des élections, nous l’avons interrogée à propos de son ambition pour Brest et les Brestois.

Breizh-info.com : Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Bernadette Malgorn : Je suis élue municipale et métropolitaine de Brest depuis 2014 et présidente du groupe RPB qui regroupe des élus issus de la société civile, des indépendants, des centristes et de la droite républicaine.

Brestoise par mon père, j’ai aussi des racines morlaisiennes, ouessantines, et dans le Léon. Mon ADN, c’est la mer d’Iroise.

Sur le plan professionnel, ma carrière a été essentiellement préfectorale jusqu’au poste de préfète de la région Bretagne puis de secrétaire générale du ministère de l’Intérieur. J’ai aussi travaillé au niveau européen puis au ministère des Affaires sociales et à l’Assemblée nationale auprès de Philippe Séguin. J’ai terminé comme magistrate financière à la Cour des comptes. J’ai également présidé pendant 10 ans l’Observatoire national des zones urbaines sensibles.

J’ai toujours été au service de l’État et de nos concitoyens. C’est toutes ces compétences et expériences en matière de gestion des collectivités, de zones sensibles, de sécurité, de responsabilité financière et de lutte contre la corruption que je souhaite mettre au service de tous les Brestois. Brest en a bien besoin !

Breizh-info.com : Quel bilan tirez-vous des différentes mandatures de François Cuillandre à Brest ?

Bernadette Malgorn : Ce qui m’importe avant tout c’est l’avenir des Brestois !

M. Cuillandre est élu depuis 1989 et maire–président de la métropole depuis 2001. C’est en effet très long. Est-il bien utile de s’appesantir encore sur les années Cuillandre ?

Elles ont comme marqueurs essentiels :

  • l’attentisme et les occasions ratées. Leur symbole est l’absence de volonté ou de capacité à peser sur le dossier du TGV pour mettre Brest à 3h00 de Paris. Ce sont d’ailleurs ses amis politiques au gouvernement entre 2012 et 2017 qui ont repoussé les études nécessaires après 2037 ! Le maire-président est resté bien inactif alors même que le nouveau pouvoir laisse Brest hors-jeu.
  • L’accumulation d’erreurs dans les choix et la chape de plomb sur la vie brestoise. Cela est vrai en matière d’aménagement incohérent avec les extensions urbaines, « un manteau d’Arlequin », et surtout néfaste pour l’environnement, la biodiversité (vallée du Restic et Messioual, Fontaine Margot et Traon Bihan). Tout cela a des conséquences directes sur la vie des Brestois qui n’y trouvent pas de transports, de services, de commerces de proximité. C’est aussi le cas avec l’absence d’écoute et des pseudo-concertations. La démocratie locale est en panne. Et puis, c’est l’absence générale de transparence dans la gestion de la ville et de ses satellites. Et enfin les « affaires financières » que nous connaissons.

Breizh-info.com :  Pourquoi une nouvelle candidature de Bernadette Malgorn ? Parlez-nous de votre liste et de sa composition ?

Bernadette Malgorn : Élue en 2014, je termine mon 1er mandat municipal, alors que M. Cuillandre (PS), élu depuis 1995 (maire depuis 2001) se présente pour un 6ème mandat. M. Coatanéa (LREM) quant à lui est élu depuis 2001, il était encore récemment dans la majorité de M. Cuillandre. 

Pour ma part, je m’engage en femme libre et indépendante. Je ne suis et n’ai jamais été membre d’aucun parti, je n’ai de compte à rendre à aucun état-major parisien. Mes convictions sont celles du gaullisme social.

J’ai un projet pour Brest et la métropole. Je l’élabore depuis 2014 avec les élus de mon groupe, avec des experts et des citoyens. Je crois beaucoup en effet au bon sens et à l’expertise citoyenne. Nos idées sont connues. Tout au long de ce mandat,  nous sommes allés à la rencontre des Brestois sur les marchés, en réunions de quartiers, en rencontres-débats…

Le nom de notre liste « Brest, c’est Vous ! », montre combien nous sommes attachés à la proximité et au dialogue. Pour nous la démocratie, ce n’est pas une fois tous les 6 ans, le jour de l’élection. Ce n’est pas un « chèque en blanc » donné au maire pour la durée du mandat. C’est la démocratie tous les jours, la concertation avec la population, les associations et toutes les forces vives de notre ville.

Notre liste est à cette image, bien sûr paritaire (28 femmes, 27 hommes), composée de personnes issues de toutes catégories socio-professionnelles, de toutes générations, de tous les quartiers, d’horizons politiques divers : centristes, droite républicaine, écologistes responsables, gaullistes sociaux. Ils sont l’expression de ce qu’est Brest dans sa diversité.

Breizh-info.com : Quels seront les principaux thèmes de campagne ? Et les premières mesures que vous voudriez mettre en place à Brest si vous êtes maire ?

Bernadette Malgorn : La philosophie générale qui nous anime tous, c’est « Libérons Brest et son esprit créatif » :

  • la sécurité avec notre proposition (depuis 2014) d’une police municipale et d’un système de vidéoprotection ;
  • la cohérence de l’urbanisme avec une priorité forte à la rénovation du bâti et la limitation des extensions urbaines excessives ;
  • la reconquête de l’environnement, des espaces verts, mais aussi plus d’arbres dans la ville. Il faut végétaliser Brest, pour le cadre de vie des Brestois et pour le climat ;
  • l’emploi et le pouvoir d’achat des Brestois, la redynamisation du commerce, le soutien aux créateurs d’activités et à la recherche, pour rendre notre territoire plus d’attractif ;
  • la mise en œuvre de nouvelles solidarités vers les plus fragiles d’entre nous et vers les aînés, les personnes souffrant d’un handicap ;
  • la prise en compte de la protection animale dans un plan d’actions complet ;
  • l’aménagement du temps scolaire et l’accueil de nos jeunes, de la petite enfance jusqu’à la vie étudiante ;
  • la refondation de la démocratie locale, la transparence et la lutte contre la corruption.

Parmi les premières actions, dès mon élection comme maire de Brest, il y aura bien sûr la mise en place des mesures pour assurer la liberté et la sécurité des Brestois (police municipale et vidéoprotection, audit de la sécurité des écoles…). Nous irons vite car notre projet est prêt.

Nous irons vite également sur la transparence et la déontologie. Les méthodes actuelles restreignent les droits et le contrôle par l’opposition. Ceci est néfaste pour la démocratie au quotidien. Il est temps d’en changer et d’admettre les contre-pouvoirs. C’est aussi la meilleure garantie pour tout exécutif local de se protéger contre les dérives et les affaires. Je proposerai d’ailleurs à une personnalité indépendante d’assumer les fonctions de déontologue. 

Dans les premiers jours suivants mon élection, je solliciterai une rencontre avec la nouvelle présidente de la Commission européenne, madame Ursula von der Leyen pour lui demander d’inscrire Brest comme ville et métropole pilote dans le cadre du Pacte vert européen voulu par la Commission et approuvé il y a quelques jours par le Parlement. Il s’agit d’un cadre ambitieux avec des dotations budgétaires importantes. Si je suis élue maire, je veux que Brest en profite. Nous pourrons ainsi refonder notre ville, son environnement urbain, assurer la rénovation du centre reconstruit après la guerre, un centre qui se dégrade et s’appauvrit (selon les études de l’Adeupa près de 25 % des copropriétés du centre reconstruit sont en situation de grande fragilité).

Breizh-info.com : On assiste à Brest depuis des années à une explosion (proportionnellement à la taille de la ville) de la violence et des agressions. Que comptez-vous faire à ce sujet, même si la sécurité n’est pas totalement de la compétence d’une municipalité ?

Bernadette Malgorn : Nous connaissons à Brest une situation préoccupante et une recrudescence de l’insécurité d’une année sur l’autre. Les fusillades dans divers quartiers ont inquiété les habitants. L’intrusion récente au lycée Dupuy-de-Lôme avec battes de baseball et marteaux a atteint toute la communauté éducative et a profondément marqué les esprits. On ne compte plus les incendies de voitures à St Marc-Bellevue-Kerbonne-Lanrédec-Centre…, comme les agressions sur la voie publique.

La police nationale agit avec efficacité et réactivité. Mais les réponses de la municipalité ne sont pas à la hauteur. Le Code général des collectivités territoriales et le Code de la sécurité intérieure confient au maire des responsabilités pour protéger la population et prévenir la délinquance. À Brest, le maire édulcore la situation et a toujours esquivé ses responsabilités.

Moi, je les assumerai, comme je l’ai toujours fait dans ma vie professionnelle. Mes projets sont prêts, ce sont des mesures efficaces qui ont fait leurs preuves dans les grandes villes. Exemples :

  • À la Ville, nous créerons notamment une police municipale (de 60 à 80 agents) et déploierons la vidéoprotection (avec un Centre de supervision urbaine). Ce sont des moyens d’action supplémentaires dans un dispositif plus large, allant de la prévention à la sanction, en passant par la médiation et la dissuasion. Nous le ferons bien entendu sans augmentation d’impôts.
  • À l’État, nous demanderons avec les effectifs ainsi libérés la création d’une Brigade anti-criminalité (BAC) de Jour et le renforcement des équipes de lutte contre les stupéfiants et contre les violences familiales.

Et puis, il y a la présence de la mouvance islamiste radicale à Brest. L’actualité récente avec l’interpellation de 7 individus radicalisés, soupçonnés de préparer un attentat, puis de rejoindre les zones de djihad, en témoigne encore. 

Je n’ai pas cessé, depuis 2015, d’alerter les autorités compétentes, les ministres de l’Intérieur successifs, l’ensemble de la chaine de décision, ainsi que la Miviludes sur les risques de dérives sectaires, et enfin les autorités locales en conseil municipal.

Ces  questions, plus liées à l’ordre public, concernent au premier chef les autorités de l’État mais ne doivent pas manquer de solliciter la vigilance des élus locaux.

Breizh-info.com : Les citoyens ont également parfois le sentiment que les métropoles vampirisent tout ce qu’il y a autour d’elles. Quid autour de Brest ?

Bernadette Malgorn : S’agissant de la gouvernance et de la structure de la métropole brestoise, je considère que le maire-président a fait tout ce qu’il ne fallait pas faire. Il a lui-même créé les conditions de l’échec d’un rapprochement. Je ne me réjouis pas du fait que notre métropole soit aujourd’hui si peu engageante pour nos partenaires du Pays de Brest, qu’ils déclinent tous projets d’extension de la métropole. Avec l’opposition du pays de Landerneau, du pays de Crozon – Aulne-Maritime, du Pays des Abers, les critiques sont sévères.

Je suis favorable à l’approfondissement de la coopération avec les EPCI, et ceux du pays de Brest en priorité. Mais cela ne peut pas être qu’une construction administrative. Cela doit reposer sur un projet partagé et non sur l’espoir de faire supporter une partie de nos charges d’ingénierie par nos voisins ou d’étendre la zone de prélèvement des taxes.

C’est précisément ces questions financières et fiscales que nos partenaires pointent du doigt. C’est avant tout à la métropole de démontrer son caractère vertueux sur le plan financier, c’est à nous de faire ce qu’il convient pour baisser les impôts qui pèsent sur les ménages comme sur les entreprises.

Breizh-info.com : Le mot de la fin pour nos lecteurs et les Brestoises et Brestois ?

Bernadette Malgorn : Au cours de cette campagne, nous développons l’ensemble de notre projet pour Brest et les Brestois. Il est entièrement fait pour eux, pour faciliter leur vie quotidienne, pour prendre en compte leurs préoccupations actuelles et préparer l’avenir des générations futures.

Nous ne demandons pas un « chèque en blanc » pour décider demain sans leur en référer. Bien au contraire, nous « ouvrirons largement portes et fenêtres » pour qu’ils soient au courant de ce qui se construit avec eux et pour eux. Chaque semaine, comme je le fais déjà en tant qu’élue, j’assurerai une permanence pour recevoir tous les Brestois qui le souhaiteront.

Si les Brestoises et les Brestois nous font confiance en mars prochain, ils trouveront avec l’équipe « Brest c’est Vous ! » que j’ai rassemblée des élus de proximité animés par l’intérêt général.

Voilà notre ambition pour Brest et pour ses habitants.

Propos recueillis par YV

Crédit photo : DR
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