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La face cachée du projet de Notre-Dame-des-Landes

08/06/2016 – 07H00 ‑ Nantes (Breizh-info.com) – « Etes-vous favorable au projet de transfert de l’aéroport de Nantes Atlantique depuis son site actuel sur les communes de Bouguenais et Saint-Aignan-de-Grand-Lieu ? ». Cette question nest pas celle qui sera posée aux électeurs de Loire-Atlantique le 26 juin. Mais de même qu’une médaille a nécessairement un revers, elle est la face cachée de la question officielle : « Êtes-vous favorable au projet de transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes ? » Or, si l’on parle beaucoup de la construction d’un nouvel aéroport, on parle fort peu de son corollaire, la destruction de l’ancien.

Depuis l’origine, les argumentaires en faveur du projet de Vinci invoquent une urbanisation des terrains libérés par le départ de l’aéroport de Nantes Atlantique. « Le déménagement de l’aéroport sera une opportunité pour augmenter l’offre de logements au cœur de l’agglomération nantaise, tout en limitant l’étalement urbain » lit-on aujourd’hui encore sur le site web officiel de Nantes Métropole. « La fermeture de l’aéroport de Nantes-Atlantique devrait libérer plus de 650 ha au sud ouest de l’agglomération qui pourront accueillir jusqu’à 16 000 habitants. » C’est à peu près tout. Pourtant, une opération immobilière d’une telle envergure – plus importante que l’aménagement de l’île de Nantes ‑ ne se prépare pas à la légère.

D’autant plus qu’elle aurait d’importantes conséquences sur l’activité économique du Sud-Loire. Comme Breizh-Info l’a déjà noté, la fermeture de Nantes-Atlantique compromettrait l’écosystème industriel et scientifique bâti autour des activités aéronautiques. L’un des chaînons de cet écosystème est en effet la desserte aérienne de l’usine Airbus par un énorme A300-600ST, alias Beluga.

À la fin de l’été 2012, un article d’Élisabeth Bureau dans Ouest France, relayé par la presse nationale (Le Figaro) et professionnelle (Air Journal…), avait soulevé une certaine émotion en révélant l’existence de tractations autour du maintien de Nantes Atlantique en service « pour les besoins des activités aéronautiques ». En clair, une privatisation… financée au moins en partie par les collectivités locales. Qui ne cessent pourtant de crier misère.

Depuis lors, silence dans les rangs. Airbus reste étrangement muet sur cette question cruciale pour son avenir. Même abstention du côté de Vinci, du Syndicat mixte aéroportuaire ou de l’association pro-aéroport Des Ailes pour l’Ouest. Mais Nantes Métropole, tout en affirmant que « une fois ouvert l’aéroport du Grand Ouest, il n’y aura plus de vols commerciaux à Nantes Atlantique », admet dans un texte mis à jour le 12 avril dernier que « le maintien de la piste pour les besoins du pôle industriel aéronautique est une possibilité ouverte par la décision de l’Etat et par le traité de concession. Des discussions sont ouvertes avec les industriels pour examiner l’opportunité de ce maintien. »

À moins de trois semaines de la consultation locale du 26 juin, les électeurs sont donc encore dans le noir complet sur un pan essentiel du dossier NDDL. Mais, en principe, la publication du rapport de la Commission nationale du débat public (CNDP) devrait clarifier les choses dans trois jours. L’ordonnance du 22 avril 2016 sur la consultation locale exige en effet « un document de synthèse présentant de façon claire et objective le projet, ses motifs, ses caractéristiques, l’état d’avancement des procédures, ses impacts sur l’environnement et les autres effets qui en sont attendus ». Il est clair que la fermeture (ou pas…) de Nantes Atlantique produirait des « impacts sur l’environnement » et des « autres effets » très significatifs.

Et si, malgré tout, la CNDP ne faisait pas la lumière sur cette question ? « Eh ! bien, les contentieux qui ne manqueront pas de surgir au lendemain de la consultation locale auraient toutes les chances de prospérer », répond avec gourmandise un juriste nantais.

Crédit photo  : [cc] David Osborn, aeroprints.com, via Wikipedia, CC BY-SA 3.0
[cc] Breizh-info.com, 2016, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source

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5 réponses à “La face cachée du projet de Notre-Dame-des-Landes”

  1. Yves dit :

    Airbus, site de Nantes, n’a pas forcement besoin d’une piste pour les Belugas par contre le transport des sections par barge jusqu’a Saint Nazaire!

  2. Pschitt dit :

    Ce serait bien le seul site industriel d’Airbus à ne pas disposer d’un aéroport à proximité immédiate, en dehors d’Elancourt — qui est en réalité une usine d’électronique. Le fait qu’on discute encore de la fermeture ou non de Nantes Atlantique alors que son sort devrait être réglé depuis longtemps montre bien que ça n’est pas si simple.

  3. Mopiti dit :

    “la fermeture de Nantes-Atlantique compromettrait l’écosystème industriel et scientifique bâti autour des activités aéronautique”: desole, mais c’est faux.
    Votre argumentaire ne tient pas.

    Dans tous les cas il faudra démanteler et réaménager les lieux: à défaut de détruire la piste- ce qui aura un cout quoi qu’il arrive – on la raccourcira pour Airbus!

    Vous ne doutez tout de même pas du fait qu’on va mettre des bâtons dans les roues d’un fleuron de l’industrie française?! C’est pas très sérieux tout ça!

    • An dit :

      Européenne. Airbus Nantes est tout à fait délocalisable ailleurs en France, ou en Europe. Ce n’est pas Toulouse.
      Le carnet de commande étant bien rempli à Saint-Nazaire, la pilule de désinstrualisation nantaise, qui logiquement va suivre le même chemin qu’ailleurs en Occident, passera tranquille si on recentre tout sur Toulouse. C’est la France, voyons. Restructuration et tout ce qui va avec. On promettra des postes à qui est prêt à déménager, des retraites anticipées et de grosses primes de licenciement comparé à la moyenne des virés de ce pays.
      Naïf, va.
      Et croyant. Ce qui serait touchant si vous n’aviez pas cette morgue prétendant cerner l’ensemble du problème beaucoup mieux que tous les détracteurs du projet.
      Votre argument ne tient que si le NON ne l’emporte pas. On le saura le 26 juin. Déjà de la chance que Nantes n’ait pas connu d’inondations mais… dans la dernière ligne droite, ce phénomène joue pour le NON. Le OUI a ses casseurs mais ça s’essouffle. Il va faire très beau ce 26 juin a priori. Euro. Beau temps après un printemps pourri. Rejet d’un sujet anxiogène après une pression de plus en plus forte (attentats, manifs, migrants etc.). Abstention et bulletin blanc à prévoir. Les Nantais s’en foutent de cet aéroport.
      Bizarre d’être aussi convaincu que “tous les cas” ne comptent pas le statu quo permis par le NON (les Zadistes en moins, casés dans des assos et en insertions).
      Votez NON ? Voilà la solution la moins coûteuse pour Airbus. Pas bien compliqué, non ? Bizarre de ne même pas l’envisager, l’expert en NDDL.

  4. Cliquet dit :

    “Desole, mais c’est faux. Votre argumentaire ne tient pas”.
    Pas si sûr. Il existe (au moins) 2 possibilités:
    1) Utiliser la piste de St Nazaire en regroupant les 2 sites d’assemblage
    2) Envisager une reprise de l’activité d’Airbus Nantes spécialisé dans le composite ailleurs, peut-être l’Espagne, qui opère dans le même domaine ?

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