Tiers mondisation de la santé en France. 30 patients en attente sur des brancards aux Urgences de Saint-Malo

Pour la seconde fois, Les Urgences du Centre hospitalier de Saint-Malo, ont déclenché un droit d’alerte pour danger grave et imminent auprès de leur Direction.

Cela s’est passé le 18 février 2020, alors que les personnels du services des Urgences devaient faire face à un nombre record de patients. 30 d’entre eux ont passé la nuit sur des brancards, dans les couloirs, tandis que la direction du CHU ne prend aucune mesure pour palier à ces défaillances, qui tendent à se répéter. Pas d’embauche, et des heures à rallonge qui commencent à détruire moralement et physiquement le personnel déjà en poste.

« Ce second droit d’alerte était dû à un afflux massif de patients et l’absence de lits d’hospitalisation, ce qui eu pour conséquence qu’une trentaine de patients ont « dormis » sur des brancards dans des couloirs. Ces patients n’ont eu d’autres choix que de dormir sous des néons, sans sonnette pour prévenir en cas de nécessité, sans intimité et dans le bruit ambiant d’un service d’urgences.

Depuis plus d’un an , les équipes des urgences du CHSM, demandent le recrutement de postes soignants supplémentaires afin de permettre d’accueillir et de prendre en charge les patients dans un minimum de conditions décentes. Par ailleurs, le manque régulier de lits d’hospitalisation dans les autres services, mettent à mal, le bien fondé du principe d’un service d’urgences »  explique le personnel.

Suite au droit d’alerte, une première réunion a eu lieu le 19 février, puis une autre mardi 25. Des renforts ont été proposés par la direction, deux postes d’infirmiers  de 6h30 à 14h30 et de 16h à minuit. Mais cela ne satisfait pas les représentants du personnel qui demande notamment un personnel administratif jusque 23h, car sinon c’est le personnel soignant qui s’en charge. La situation est exactement la même à Carhaix, dans le Finistère, et à Morlaix, ainsi que dans la plupart des CHU en Bretagne, avec des services d’urgence débordés, et des directions qui se refusent à embaucher (alors que dans le même temps certains médecins urgentistes « chasseurs de garde » ont des salaires mirobolants pour un week end de garde par ci par là sans jamais s’intégrer à une équipe médicale…)

Les négociations se font très souvent directement au niveau des hôpitaux eux mêmes, et les situations varient donc d’un hôpital à un autre. Néanmoins, sans un plan d’urgence global….pour les Urgences et pour les services de soins, un plan Marshall de la Santé en France, tout cela ne semble qu’être des mesures qui permettent de reculer…pour mieux sauter un jour… au détriment d’une population en attente de la qualité de soins qui devrait être propre à n’importe quelle pays se prétendant être une puissance mondiale….

La conclusion ira au mouvement Interurgences, qui sent venir la nécessité d’une radicalisation de la contestation, qui aura des conséquences, c’est certain :

« Alors que faire ? Des grèves qui ne font peur à personne ? Car, avouons-le, les soignants qui font grève vont quand-même travailler et soigner des gens. Ils mettent un brassard, écrivent en gros sur leur blouse « EN GREVE », mais rien ne se passe. Tout continue presque comme d’habitude. Alors effectivement, ces mouvements ne font peur à personne… Et quand un rapport de force est à ce point défavorable, il ne faut rien espérer. La seule solution sera sans doute de durcir les choses. Que les soignants aillent sur leurs lieux de travail mais ne fassent rien, qu’ils refusent d’exercer. Ils ne pourront pas être réquisitionnés manu militari par la police car ils seront présents, mais feront comme les ouvriers de jadis : occupation des locaux, mise à l’arrêt de l’outil de travail (en l’occurrence : nous). Les soignants sont appréciés par la population, qui trouve notre combat légitime, les enquêtes le prouvent. Mettons à profit cette sympathie. Alors oui, il risque d’y avoir des morts. Oui, la conscience professionnelle sans faille des professionnels du soin en prendra un sacré coup. Mais c’est la seule chose à faire. Ce gouvernement, entré dans une phase de radicalisation autoritaire, ne pliera que si on lui fait vraiment peur, que s’il encourt l’embrasement généralisé. Préparons-nous à des sacrifices inédits, une lutte pour notre survie s’est engagée, nous ne devons pas la perdre »

Illustration : DR
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