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Eloi Verly (SOS Calvaires) : « Les calvaires sont des points de repères spirituels, historiques, géographiques » [Interview]

L’association S.O.S Calvaires œuvre depuis des années pour la sauvegarde des calvaires, oratoires et chapelles qui composent notre patrimoine, pour les restaurer et les entretenir. Elle prend en charge l’intégralité des coûts liés à la restauration de chaque lieu. Elle est composée majoritairement de jeunes membres catholiques, parmi lesquels Eloi Verly, que nous avons interrogé au sujet de l’association et de sa mission.

Breizh-info.com : Qu’est-ce qui vous a amené à fonder SOS CALVAIRES ?

Eloi Verly (SOS Calvaires) : L’association date de 1987 et c’est M. Chetaneau qui l’a créée. Elle s’appelait à l’origine « L’association des amis des chapelles et calvaires du Lion d’Angers ». Elle était rattachée à la paroisse du Lion d’Angers. Mais le temps passant, l’association vieillissait, et en 2015 son fondateur cherchait quelqu’un pour lui succéder. Paul Ramé se proposa et en prit la direction. Il rajeunit l’équipe dirigeante et dynamisa les actions. Julien Le Page devint président en 2019 et donna un nouveau souffle à l’association. Il fixa l’objectif d’une pose de calvaire par mois, objectif qui fut tenu à partir de 2020. C’est à cette époque que le nom a changé pour devenir SOS Calvaires, nom plus générique qui permettait de s’étendre sur toute la France.

En effet, notre ambition grandissait au fur et à mesure que la demande se faisait plus pressante et que le soutien des bienfaiteurs nous permettait d’y répondre. Oui, nous faisions bien face à une nécessité : donner une nouvelle vie à notre petit patrimoine pour empêcher que de trop nombreuses croix disparaissent chaque année, faute d’entretien. Les particuliers qui en possèdent n’ont pas toujours les moyens ou l’envie de les restaurer. Certaines communes quant à elles, préfèrent oublier leur devoir de les rénover, et attendent que ces croix tombent. La nécessité étant nationale, notre devoir de nous établir partout en France fut pour nous une évidence.

Breizh-info.com : Concrètement, quelles actions menez-vous ? Parlez-nous plus particulièrement de celles menées en Bretagne et dans l’Ouest notamment ?

Eloi Verly (SOS Calvaires) : C’est très simple : nous menons toutes actions qui permettent de mettre en valeur les croix de nos sentiers. Nous possédons pour le moment 25 antennes en France. Notre activité va du simple signalement d’un calvaire (grâce à notre web app qui donne la géolocalisation, l’état de la croix, et une photo), au remplacement des croix en bois, en passant par les débroussaillages et les nettoyages de la pierre. Mais nous allons plus loin. Notre volonté est de redonner aux français la fierté de leur racine chrétienne. Aussi, nous œuvrons beaucoup sur les réseaux sociaux pour nous faire connaître et donner à chacun l’envie de redresser sa croix.

L’association possède trois antennes en Bretagne : à Rennes, à Nantes et à Vannes. Celle de Nantes a dernièrement eu la grâce de planter une croix en bois au lieu-dit La Boulaye-en-Port Saint-Père. Cette pose s’est révélée particulièrement solennelle du fait de la présence d’une troupe de béhourd et d’un Bagad. Ces trois équipes tiennent un rythme d’un débroussaillage/nettoyage par mois.

Breizh-info.com : Comment est-ce que l’on s’y prend pour financer une telle action ? Et pour la mettre en place ?

Eloi Verly (SOS Calvaires) : Le coût de restauration d’un calvaire est assez élevé. Il faut compter environ 800 euros pour les croix classiques, et le prix peut vite doubler si l’on doit mettre un Christ neuf (nous les fabriquons en résine époxy grâce à un moule), ou si des travaux de maçonneries sont à prévoir. D’autre part, l’association emploie désormais un salarié à plein temps, et possède un local. Elle fait donc face à de grosses dépenses chaque mois.

Pour disposer d’une telle somme, l’association s’appuie principalement sur les dons. Elle en a cruellement besoin pour pouvoir continuer son œuvre. Reconnue d’intérêt général, elle peut délivrer des crédits d’impôt. Sa volonté est aussi de signer des contrats d’entretien avec les communes, leur assurant la mise en valeur de chacun de leurs calvaires. Le développement de la boutique contribuera à l’avenir, à financer de nouveaux chantiers. On y trouvera entre autres notre cuvée spécial SOS CALVAIRES (du Bordeaux principalement).

Notre politique est d’impliquer au maximum les propriétaires et les habitants des alentours dans la restauration de leur patrimoine. Souvent ce sont eux qui nous sollicitent, mais il arrive aussi que nous devions aller frapper aux portes pour savoir à qui appartient la croix à l’abandon. Ensuite, nous réfléchissons avec eux à un moyen de financement. La création d’une cagnotte, un financement participatif, une quête. L’argent ne doit pas être un obstacle aux travaux, mais nous devons tout de même nous assurer de la bonne volonté des propriétaires, gage que le calvaire sera entretenu par la suite. Nous complétons si nécessaire.

Si la croix est en bois, elle est fabriquée directement dans notre atelier au Lion d’Angers, par notre salarié. Sinon, nous faisons appel aux artisans qualifiés dans le domaine. Vient enfin le jour de la pose. Nous laissons au chef d’antenne et au propriétaire le soin d’organiser l’événement. En général, la bénédiction a lieu dans la foulée.

https://twitter.com/nfaure_/status/1434162903217803267?s=20

Breizh-info.com : En quoi est-ce important de remettre des calvaires en place, dans le pays ? Pourquoi cette volonté de rechristianiser ?

Eloi Verly (SOS Calvaires) : Les calvaires sont pour nous des points de repère :

Des points de repère spirituels : ils nous rappellent la mort du Christ sur la croix, preuve infinie de son amour pour nous. Ces calvaires nous regardent, à chaque coin de campagne, et semblent nous dire « Et toi, que fais-tu pour ton Dieu ? ».

Des points de repère historiques : Ils nous indiquent d’où nous venons. Notre passé est un passé catholique. Nos anciens étaient profondément croyants et leur Foi était visible, ancrée dans leur terre natale. Ces croix sont pour nous un témoignage laissé par eux. Elles sont notre héritage. Nous serons jugés sur la manière dont nous les transmettrons à nos enfants.

Des points de repère géographiques : Même pour les non-croyants ces croix ont une grande importance. « Nous habitons au calvaire à droite ! ». Très souvent ces personnes ont vu leur père ou leur grand-père planter ou replanter cette croix, et c’est avec beaucoup d’émotion qu’ils assistent à sa rénovation.

Plutôt que « volonté de rechristianiser » je dirais volonté de ne plus nous cacher. Nous voulons simplement vivre de la Foi de nos ancêtres. Nous sommes fiers de notre religion et de nos racines. Les croix sont des signes visibles de toutes ces valeurs qui nous animent.

Breizh-info.com : Quel accueil avez-vous rencontré, dans les mairies, autour des calvaires que vous posez ?

Eloi Verly (SOS Calvaires) : Il arrive que certaines mairies refusent que l’on redresse une croix. Il n’est pas toujours possible de passer outre. C’est pourquoi la plupart des calvaires que nous restaurons sont sur des terrains privés. La commune ne peut rien dire dans ce cas. Il n’y a pas besoin de déclaration préalable de travaux pour ces édifices. Mais parfois, ce sont les mairies elles-mêmes qui nous appellent pour que nous les aidions.

Breizh-info.com : Quelles sont les prochaines opérations à mener de votre part ?

Eloi Verly (SOS Calvaires) : Les projets ne manquent pas ! Développement de la version 2.0 de notre application, ouverture de nouvelles antennes, pose d’une croix de 12 mètres de haut dans la Vienne, à Persac, partenariat avec SOS chrétiens d’Orient, sans compter nos poses de croix mensuelles… Autant d’opérations que nous ne pourrons mener qu’avec le soutien, tant spirituel que matériel, de tous ceux qui ont à cœur la grande Cause que nous défendons.

Propos recueillis par YV

Crédit photo : Wikipedia (cc)
[cc] Breizh-info.com, 2021, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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Une réponse à “Eloi Verly (SOS Calvaires) : « Les calvaires sont des points de repères spirituels, historiques, géographiques » [Interview]”

  1. patphil dit :

    et la déconstruction alors ?
    du passé faire table rase (pour le remplacer par quoi, la nature ayant horreur du vide)

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