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Autant en emporte le vent (Gone with the wind) en bande dessinée

Il n’était pas évident d’adapter en bande dessinée Autant en emporte le vent, le célèbre roman de Margaret Mitchell, magnifié par sa version cinématographique de 1939. Mais cette bande dessinée relève le défi.

Avril 1861. La guerre de Sécession est sur le point d’éclater. La Géorgie, en quittant l’Union, est devenue un État confédéré. Dans la magnifique plantation de Tara, la famille O’Hara, d’origine irlandaise, fête les seize ans de Scarlett, jeune fille pleine de vie et de gaieté, mais au caractère bien trempé. Courtisée par tous les jeunes planteurs sudistes, elle aime secrètement le rêveur Ashley Wilkes, fiancé de sa cousine Mélanie. Scarlett déclare sa flamme à Ashley, lequel la repousse. Le séduisant aventurier Rhett Butler, qui a assisté à la scène, s’amuse du ridicule de la situation. Par dépit, Scarlett épouse Charles, le frère de Mélanie, lequel est tué dès le début du conflit. Devenue veuve, Scarlett part pour Atlanta où elle revoit Rhett Butler. Alors que les Nordistes sont aux portes d’Atlanta, Rhett accepte de conduire, à Tara, Scarlett et Mélanie avec son bébé. Quand elle revient à Tara, Scarlett découvre que sa mère est morte, que son père sombre dans la folie douce et que la plantation est ravagée. Elle va se battre pour la survie de sa famille et de sa terre…

Autant en emporte le vent, roman de Margaret Mitchell paru en 1936, prône l’attachement des sudistes à leur terre. Originaire de Géorgie comme son héroïne Scarlett O’Hara, la romancière entendait révéler au grand public la vision enracinée de ses aïeux.

Réalisée en 1939 par George Cukor, Victor Fleming et Sam Wood, l’adaptation cinématographique reste fidèle à cet esprit. Ce chef d’œuvre aux huit Oscars (meilleurs films, actrice, second rôle féminin, réalisateur, scénario, photo, direction artistique, montage), avec Vivien Leigh et Clark Gable, montre l’harmonie entre maîtres blancs et esclaves noirs au sein de la plantation de Tara. Le film vante le courage des jeunes officiers sudistes, même s’ils n’ont pas conscience du danger. Il dénigre le camp yankee, composé de soudards qui ravagent le Sud. Ce film prône la résistance de Scarlett. Au début désinvolte, Scarlett s’endurcit au point de braver toutes les épreuves que la vie lui réserve.

Cette adaptation en bande dessinée par Pierre Alary est une vraie réussite. Rien que la première partie a demandé deux ans de travail. Elle court du début de la vie de Scarlett, (l’insouciance de l’avant-guerre) à l’issue de la guerre de Sécession (la disparition de son monde). Le découpage s’organise autour de Tara, point de départ et d’arrivée de ce premier tome.

Pierre Alary se spécialise ainsi dans les adaptations d’œuvres littéraires. Après avoir adapté Moby Dick d’Herman Melville avec Olivier Jouvray, et Mon traître et Retour à Killybegs de Sorj Chalandon, puis avoir achevé son album sur les origines de Zorro (Don Vega), il a eu la curiosité de se plonger dans ce célèbre roman sudiste. Il en respecte la trame et l’esprit. Mais pour éviter toute polémique sur la représentation des Noirs, il a jugé plus prudent d’atténuer les dialogues « petit-nègre ».

Son trait expressif convient particulièrement au récit. Le découpage rythmé, en plans serrés, accentue davantage encore les émotions des personnages. Seule influence du film, sans doute pour ne pas désarçonner le lecteur, sa Scarlett a le visage en cœur de Vivien Leigh et son Rhett Butler rappelle Clark Gable.

Sa colorisation est somptueuse, notamment lors de la scène d’Atlanta. Pour condenser vingt pages du roman en quelques planches, l’auteur utilise un superbe ocre orangé afin de reproduire les braises de l’incendie.

L’éditeur a eu la bonne idée de produire un écrin soigné : grand format, papier épais et dos toilé.

 Kristol Séhec

Gone with the wind, Tome 1, 145 pages, 25 euros, Editions Rue de Sèvres.

Crédit photo : Pixabay (cc)
[cc] Breizh-info.com, 2023, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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