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Quand Le Télégramme s’intéresse à la Nupes

Les élections européennes de 2024 font couler beaucoup d’encre et de salive chez  les quatre « alliés » de la Nupes qui, aujourd’hui, sont davantage dans la désunion que dans l’union

Un grand titre (« La Nupes joue sa survie ») et une photo XXL de Jean-Luc Mélenchon, le tout sur toute la largeur de la page : aurions-nous affaire à une Une du Monde ou de Libération ? Pas du tout, il s’agit simplement d’une Une du Télégramme (mercredi 23 août 2023). Outre le fait qu’il est rare de voir un quotidien régional se lancer avec autant de force dans un sujet de politique nationale, il est  tout aussi certain que ce n’est pas avec ce genre de matière qu’on favorise les ventes. Rien ne remplace de « bons » faits divers  accrochés à la Une pour développer la diffusion. Mais les journalistes de « province » aiment se faire plaisir avec des sujets qui ne correspondent pas aux centres d’intérêt de leurs lecteurs.

Page 3, nous avons donc droit à une « analyse » de la situation chez les quatre « alliés » de la Nupes. Rien qui fasse saliver, rien de percutant, le lecteur doit se contenter de quelques platitudes. On apprend tout de même qu’à l’université d’été de LFI, une conférence intitulée « Un nouveau souffle pour la Nupes ! » est prévue. Vaste programme ! Si, aujourd’hui, communistes, écologistes et de plus en plus les socialistes crachent dans la soupe de la Nupes, ce ne fut pas toujours le cas. Cette invention de Jean-Luc Mélenchon permit aux quatre « alliés » d’obtenir de bons résultats aux élections législatives de juin 2022. D’abord pour les communistes, les socialistes et les écologistes qui purent constituer un groupe à l’Assemblée nationale avec, respectivement, 22 députés, 31 députés et 22 députés. Mais surtout pour les insoumis : 75 députés. En Bretagne, les socialistes récupèrent donc trois élus au Palais-Bourbon : Mélanie Thomin (Carhaix), Claudia Rouaux (Rennes-Montfort-sur-Meu) et Mikaël Bouloux (Rennes-Saint-Jacques-de-la-Lande). Les écologistes deux : Julie Laernoes (Nantes-Rezé) et Jean-Claude Raux (Châteaubriant). Et les insoumis six : Murielle Lepvraud (Guingamp), Frédéric Mathieu (Rennes-Bruz), Mathilde Hignet (Redon), Andy Kerbrat (Nantes centre), Ségolène Amiot (Nantes-Saint-Herblain) et Matthias Tavel (Saint-Nazaire).

Ce qui est possible  aux élections législatives grâce à l’article L. 123 du code électoral (« Les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours ») et à l’article L. 124 (« Le vote a lieu par circonscription ») ne l’est pas aux élections européennes. En effet  l’article 3 de la loi du 7 juillet 1977 stipule que « L’élection a lieu au scrutin de liste à la représentation proportionnelle, sans panachage et vote préférentiel. Les sièges sont répartis entre les listes ayant obtenu au moins 5 % des suffrages exprimés à la représentation proportionnelle suivant la règle de la plus forte moyenne. » Quant à l’article 4, il indique que « La République forme une circonscription unique ». Par conséquent, si l’union semble constituer la bonne formule pour les élections législatives, le chacun pour soi s’impose aux élections européennes ;  d’autant plus que communistes, écologistes et socialistes, tous des ingrats, n’ont pas envie de faire des cadeaux à LFI.  Voilà comment se présente la situation pour « l’élection des représentants au Parlement européen » qui se dérouleront le dimanche 9 juin 2024 ; 79 citoyens de la République française iront donc siéger à Strasbourg et à Bruxelles.

Bien entendu, les sondages portant sur les intentions de vote jouent un grand rôle dans l’attitude des uns et des autres. Un an avant l’élection, les instituts sont déjà au travail… Deux hypothèses principales se présentent, soit quatre listes issues de la Nupes, soit une liste unique de la Nupes. Dans le premier cas, le Rassemblement national arrive en tête (24 %), suivi par Renaissance (21 %) et par Les Républicains (9%). Mais c’est à gauche qu’apparaît  la surprise : Europe Ecologie-Les Verts et le Parti socialiste font la course en tête avec pour chaque liste 10 % des intentions de vote, tandis que La France insoumise doit se contenter d’un modeste 8, % et le PCF d’un petit 4 %. Ces quatre listes obtiennent donc un total de 32,5 %. Dans le second cas, on constate que l’ambiance n’est pas bonne à gauche puisque la lise unie Nupes n’obtiendrait que 24 % des intentions de vote – manifestement des électeurs écologistes et socialistes refusent de voter pour ce qui leur apparaît une  émanation de Mélenchon. Le RN se maintient (25 %), comme Les Républicains (10 %). Mais petite progression de Renaissance (24 %) – les électeurs qui se revendiquent de la social-démocratie préfèrent Macron à Mélenchon.  (Enquête Ipsos, Le Monde, dimanche 2-lundi 3 juillet 2023).

« L’union est un combat », disait Georges Marchais (PCF)

Dans une tribune publiée dans Le Journal du dimanche (23 octobre 2022), Johanna Rolland (PS), maire de Nantes, Nathalie Appéré (PS), maire de Rennes, et Isabelle Assih (PS), maire de Quimper, avaient appelé à la constitution d’une liste d’union entre les socialistes et les écologistes aux élections européennes. Après avoir soutenu « l’accord électoral de la Nupes » aux législatives, « tout en assumant avec clarté un certain nombre de désaccords notamment sur l’Europe, il importe de remettre en marche la boussole et de redéfinir nos valeurs », indique la tribune. « Il nous faut répondre par des mesures de gauche, écologistes, de justice sociale et de protection, d’autant plus nécessaires quand le risque de déclassement et de précarité est si grand pour nombre de nos concitoyens (…) L’écologie sera sociale ou ne sera pas. ».

L’ambition de liste unique portée par Jean-Luc Mélenchon se présente donc mal. D’autant plus que la question européenne divise fortement  insoumis et socialistes. « Au sujet d’une liste unique de la gauche, Christophe Clergeau, secrétaire national à l’Europe, perçoit chez LFI « des signaux assez négatifs sur le fond » démontrant que le mouvement de Jean-Luc Mélenchon n’a pas amendé sa ligne politique, contrairement à ce qu’il prétend. « Mais nous avons des proximités importantes avec les Verts », prend soin d’ajouter ce proche d’Olivier Faure. »  (Le Monde, dimanche 2-lundi 3 juillet 2023). Certains défendent donc une troisième hypothèse : une liste unie EELV-PS, c’est-à-dire écolos et socialos dans le même bateau, exit les autres. Résultat : 15 % pour l’alliance en question, 9,5 % pour la liste de La France insoumise et 5 % pour celle du PCF. Rien de changé pour le RN (25 %), pour LR (9 %) et pour Renaissance (23 %). Mais, pour l’instant, les dirigeants d’EE-LV ne veulent pas entendre parler de cette solution (Enquête Ipsos, Le Monde, dimanche 2-lundi 3 juillet 2023). Quant à Olivier Faure, vendredi après-midi,   « face à quelques élus, il a clairement laissé entendre qu’il y aura bien une liste autonome du PS au scrutin de juin 2024. « On ne va pas faire alliance avec LFI sur cette question européenne qui nous divise le plus », dit-il. La décision ne sera, toutefois, prise qu’en septembre. » (Ouest-France, 26-27 août 2023)

Tout cela n’arrange pas les affaires de Mélenchon et de ses amis. D’où le mécontentement de Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale : « Il y a une sorte de double langage, avec des partenaires qui nous parlent d’union mais créent de la désunion. Nous restons convaincus qu’avoir une liste unique aux élections européennes est le plus court chemin pour battre Emmanuel Macron et Marine Le Pen en 2027. Tous les sondages nous disent qu’elle serait victorieuse » (Ouest-France, mardi 23 août 2023). A coup sûr, Panot a une lecture erronée des sondages ; il faut lui acheter une paire de lunettes de bonne qualité. Notons qu’un sondage Ifop Fiducial donnait les mêmes résultats en mai (Le Journal du dimanche, 14 mai 2023).

Bernard Morvan

Crédit photo :
[cc] Breizh-info.com, 2023, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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6 réponses à “Quand Le Télégramme s’intéresse à la Nupes”

  1. Hadrien Lemur dit :

    Les frères Michelin ont inventé les PNEUS qui se gonflent. La NUPES qui en est l’anagramme a pour sa part inventé le parti qui se dégonfle. Après avoir inventé les océans de sècheresse, Mathilde Panot récidive en trouvant des sondages favorables là où ses collègues découvraient les conséquences de leur incurie.

  2. GLEPO423177 dit :

    Le parti Reconquête premier parti en terme d adhérents semble exclus de vos sondages , étonnant !

    • Le Celte dit :

      Message aux militants LFI n’essayez pas de coller vos affiches sur des édifices religieux Catholiques .

  3. PEPERS dit :

    Le TELEGRAMME remplace l’HUMANITE que plus personne n’achète !!! Des analyses partiales et partielles, des partis pris , un militantisme à peine voilé! A ignorer dans la PQR ! En parler c’est lui faire trop d’honneur!

  4. Le Celte dit :

    Que devient la procédure judiciaire en cours qui concerne les élus socialistes de Brest ?

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