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Revue Éléments : de quoi peut-on encore rire aujourd’hui, et avec qui ?

Le communautarisme et le conformisme bien-pensant ont-ils tué l’humour et l’esprit français ? De quoi peut-on encore rire aujourd’hui, et avec qui ? Qui sont les derniers résistants au carcan du politiquement correct et de l’esprit de sérieux ? Ce sont quelques-unes des questions abordées dans le dossier du numéro 209 du magazine des idées. Parallèlement à celui-ci, outre les chroniques, habituelles (sciences, cinéma, histoire, édition…) découvrez une grand enquête sur l’électorat du Rassemblement national, un portrait iconoclaste de Jacques Kerouac ainsi qu’un grand entretien avec Vali Nasr sur la situation au Proche-Orient. Également au sommaire : le racisme anti-blanc, l’ « écofascisme », l’Institut Iliade, les transformations politiques en Allemagne… Un nouveau numéro dense et foisonnant, en kiosques et sur le site www.revue-elements.com.

Ci dessous : l’article introductif du dossier, par François Bousquet :

Toujours difficile de départager la droite et la gauche. C’est encore plus vrai lorsqu’on s’aventure dans l’univers de l’humour. Mais il y a une règle que l’on ne peut transgresser, c’est que pour faire rire, il faut précisément transgresser. Or, aujourd’hui, au jeu de la provocation, c’est la droite – mais laquelle ? – qui a plusieurs longueurs d’avance.

La gauche est devenue chiante, pudibonde, peine-à-jouir, maccarthyste. Elle ressemble à la droite d’il y a cent cinquante ans, celle de l’Ordre moral, avec ses bondieuseries sulpiciennes qui appelaient contre elles les vociférations célestes d’un Léon Bloy. Sectaire, bigote, dogmatique, pharisienne, autoréférentielle, imbue d’elle-même, pénétrée de son sentiment de supériorité morale et intellectuelle, elle vit en vase clos et ne sait plus rire. Ce qui la rend risible. À croire qu’elle a perdu le goût du plaisir, comme Michaël Fœssel l’a diagnostiqué dans Quartier rouge. Le plaisir et la gauche (PUF, 2022). Elle convoque à la moindre remarque un tantinet désobligeante les discours de haine et le tribunal de Nuremberg. Le rire l’offense, comme les « agélastes » décriés par Rabelais, un néologisme tombé dans l’oubli, que Milan Kundera a remis au goût du jour. Les agélastes, c’est-à-dire ceux qui ne rient jamais – hier, les théologiens ; aujourd’hui, le front républicain – parce que, comme l’écrit Kundera, ils sont « persuadés que la vérité est claire, que tous les hommes doivent penser la même chose et qu’eux-mêmes sont exactement ce qu’ils pensent être ».

L’hilarant Julien Cazarre, le plus drôle des commentateurs sportifs, et de loin, l’a dit mieux que personne : « Je trouve désolant que, aujourd’hui, l’humour trash dérange les gens de gauche. À l’époque de mes parents, les réacs, c’étaient les mecs d’extrême droite ou les cathos qui s’offusquaient de tout. C’était plus facile, pour un humoriste, d’être détesté par ces gens-là. Il ne se sentait pas obligé de s’excuser à tout bout de champ. Entre le Cran, le Crif, les LGBT et tous les cons qui décident qu’ils représentent tout le monde, on devrait baisser son froc à chaque blague. » Voilà les enfants de Guy Bedos rhabillés pour l’hiver.

Une contre-révolution numérique

La gauche aurait-elle oublié que le rire naît d’une distorsion avec le réel, d’un décalage, d’une mise à distance. Le rire est forcément transgressif, subversif, repoussant toujours plus loin les limites du dicible et de l’indicible. C’est d’ailleurs dans les marges de la contre-culture, loin de l’ORTF gaulliste et de son ministère de l’Information, que le rire soixante-huitard a vu le jour, grinçant, adolescent, désacralisateur. C’étaient les enfants gâtés de la société de consommation qui se révoltaient contre les blagues à papa, le sérieux de papa, la cravate de papa. En sont sortis Hara-Kiri, Charlie Hebdo, L’Écho des savanes, Fluide glacial…

Mais aujourd’hui, l’ORTF, c’est France Inter ; et pour retrouver l’esprit d’Hara-Kiri, de L’Écho des savanes, de Fluide glacial, mieux vaut ouvrir La Furia que l’ex-journal de Philippe Val. France Inter a recyclé l’« esprit Canal » et sa grande messe du rire, d’Antoine de Caunes à Charline Vanhoenacker, de Lénine à Lennon, de Marx à Groucho, en affichant ce ton décalé propre à la bourgeoisie-bohème et à la nouvelle sociologie électorale de la gauche. Telle aura été la fonction et l’onction de ce néo-rire, hier de Canal ; aujourd’hui, de France Inter. À l’instar d’un Jean-Michel Ribes, volumineux poussah de la scène, faire passer le « rire de collaboration » pour du « rire de résistance » à l’époque de l’« intégrisme de la rigolade », comme l’avait remarqué François L’Yvonnet dans son Homo comicus (Mille et une nuits, 2012).

Ne serait-ce pas la « droite » qui a relevé l’étendard de la contestation ?

Lire la suite : en kiosque ou www.revue-elements.com

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3 réponses à “Revue Éléments : de quoi peut-on encore rire aujourd’hui, et avec qui ?”

  1. kaélig dit :

    Eh oui, c’est bien çà…Bien réfléchir avant de sortir « une blague bâtiment », « les murs ont des oreilles » et la censure de la bien pensance veille.

  2. patphil dit :

    « l’humour » à france inter ne fait rire que les gars qui la font! en revanche les sous viennent bien de nos impots

  3. kaélig dit :

    Alors là Patphil d’accord…Il m’est arrivé pendant des vacances, 2 ou 3 fois par hasard de subir les éditoriaux « humoristiques » de journalistes de France-Inter…Du Grand Guignol…
    En réponse aux propos vaseux de l' »humoriste » dans ses oeuvres à l’encontre forcément de la Droite, bien plus de l’Extrème DRoite et forcément des curés, la nombreuse assistance de ses collègues (ils sont riches à France-Inter, c’est une bonne maison…avec nos impôts) glousse, ricane, caquète, en rajoute, se congratule, rigole voire applaudit.
    On se croirait dans un bistrot entre potes alcoolos, ou un corps de garde, voire une assemblée de gauchos dans un café du quartier latin ou les locaux du Syndicat de la Majistrature avec son « Mur des Cons ».
    Par principe, j’ai détesté cette façon de faire de la part d’un média public, car même si d’aventure la polémique était fondée, ,je n’aime pas cet acharnement en meute sur le mode racaille envers la « victime » fût-elle « coupable »…N’est pas Coluche qui veut !

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