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Erik Tegnér (LR) : « Viktor Orbán devrait être un exemple pour tous les patriotes » [Interview]

Erik Tegnér, candidat à la présidence des Jeunes LR, prône l’alliance de la droite avec Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan, et avec plus généralement toutes les forces à droite.

Voilà qui ne plait pas chez les vieux éléphants des Républicains, adeptes du « cordon sanitaire », et qui ne semblent pas prêts, malgré les revers électoraux successifs, à changer leur ADN. Ils veulent donc tout faire pour l’exclure de la course à la présidence des Jeunes Républicains, au risque de provoquer une fuite de nombreux jeunes adhérents.

Pour découvrir qui est Erik Tegnér, ce jeune fer de lance d’une droite décomplexée qu’une partie des électeurs semblent appeler de leurs vœux, nous l’avons interrogé. Sur son parcours, sur les Républicains, sur ses sorties médiatiques, sur la Hongrie d’Orban, sur l’Europe.

Entretien à cœur ouvert.

Erik Tegnér

Breizh-info.com : Pouvez-vous présenter votre parcours politique et professionnel à nos lecteurs ?

Erik Tegnér : J’ai 25 ans, je viens de terminer un double diplôme d’école de commerce à Grenoble et de relations internationales à l’IRIS que j’ai effectué en alternance dans un grand groupe immobilier. J’ai été adhérent à l’UMP et suis désormais adhérent aux Républicains. J’ai beaucoup travaillé pour Virginie Calmels en tant que responsable jeunes mais également comme conseiller en charge des éléments de fond. J’ai pris la décision, en mai, de démissionner de ce poste car les divergences idéologiques devenaient trop importantes, et il aurait été malhonnête de continuer à servir des convictions que je ne partage pas nécessairement. Je suis désormais candidat à la présidence des Jeunes Républicains, et je défends l’idée d’un dialogue avec toutes les droites.

Breizh-info.com : Quelles raisons vous ont incité à « sortir du bois » et à vous lancer dans la course à la présidence des Jeunes Républicains ?

Erik Tegnér : Pour tout vous dire, j’en avais plus qu’assez d’être conditionné dans un système où la bien pensance et la malhonnêteté sont reines. Je ne supportais plus ce double discours qui veut qu’en privé nous nous autorisons à évoquer de potentielles alliances avec des partis catégorisés plus à droite, voire à mettre en pratique ces alliances, et qu’en public, nous nous acharnons à les condamner. C’est un jeu de dupes, auquel j’avais l’ambition de mettre fin, et une forme de schizophrénie qui empêche les jeunes de réfléchir profondément aux grandes problématiques auxquelles nous sommes confronté en France. J’ai voulu libérer la parole de ces Jeunes, du moins, leur permettre de s’exprimer sans avoir peur d’être pointés du doigt ou exclus. J’ai voulu déconstruire les murs qui séparent des courants pourtant très proches, nous libérer des verrous intellectuels imposés par la gauche depuis tellement d’années au nom du sacro-saint « front républicain », imaginé par Mitterrand pour que le centre gouverne toujours au maximum.

Breizh-info.com : Votre campagne est marquée par l’idée de réaliser « l’union de toutes les droites ». Comment justifiez-vous ce choix ?

Erik Tegnér : La justification de ce choix, ce sont les Français eux-mêmes! Le bloc de droite représente à lui seul 40% des suffrages, alors que le bloc de gauche n’en représente que 27%. Jean-Luc Mélenchon, ce n’est pas la seule alternative à Emmanuel Macron. La droite en est une, plus ancrée, plus réaliste, plus enracinée dans l’Histoire et plus prometteuse à l’avenir. Seulement, la droite est forte lorsqu’elle est unie. Alors je veux faire sauter les digues qui l’entrave dans sa course à la victoire, je veux faire passer un message aux élites politiques et à la presse, en leur disant que le diktat moral n’a jamais été utile, n’a jamais servi personne, et qu’il s’agit ni plus ni moins de culpabiliser ceux qui veulent défendre la France dans la mondialisation, la protéger du multiculturalisme à outrance et du pouvoir libertaire qui s’avèrera liberticide à l’avenir.

L’enjeu, c’est de gouverner et de bien gouverner. L’enjeu, c’est l’avenir de la France. Aucun mur ne devrait pouvoir se dresser entre nous et la cause la plus juste du monde.

Erik Tegnér

Breizh-info.com : Il y a tout juste un an, vous signiez une tribune intitulée « La droite doit refuser toute alliance avec le Front national ». Comment expliquez-vous votre changement de ligne ?

Erik Tegnér : J’ai été dupe, j’ai commis une erreur, que j’ai choisi de réparer. La majorité des Jeunes LR ne fait-elle pas la même chose lorsque ceux-ci font mine d’être offusqués par ma ligne idéologique ? Ne vous êtes-vous jamais inquiétés du fait que vos opinions puissent être rendues publiques parce que vous savez à quel point une petite phrase peut aujourd’hui bouleverser votre avenir tout entier? J’ai fait le choix de prendre mes responsabilités, d’assumer ce que je suis et ce que je veux. J’ai démissionné d’un poste confortable auprès de Virginie Calmels et me suis jeté à l’assaut d’un combat que beaucoup disent perdu d’avance. Ma repentance n’est-elle pas assez grande?

Breizh-info.com : Cette « union des droites » est condamnée par Laurent Wauquiez et les principaux leaders des Républicains. En cas de victoire de votre candidature, comment gérer ce « grand écart » entre ces derniers et les Jeunes LR ?

Erik Tegnér : Je suis jeune. Ma parole est libre et je ne renoncerai pas à ma liberté de ton. Je ne compte pas céder aux pressions ni aux invectives. Je suis déterminé à prouver que ce discours parle à la jeunesse conservatrice, à la jeunesse de droite. Quand ma légitimité sera acquise par les urnes, je m’attèlerai à changer le parti de l’intérieur, j’organiserai des conventions thématiques et des campus avec les différents mouvements jeunes des partis de droite. Je pousserai à des alliances locales assumées.

Encore faut-il que le parti ne me bloque pas pour cette élection.

Breizh-info.com : le camp du clan Juppé, mais aussi d’autres figures des républicains, appellent à s’opposer à vous, à faire barrage, à vous exclure même. Votre réaction ?

Erik Tegnér : Si on commence à exclure ceux qui ne pensent pas comme Juppé, autant vider le parti directement !

La France a-t-elle aujourd’hui la droite « la plus bête du monde », ou tout du moins la plus fermée idéologiquement (le fameux cordon sanitaire) ?

Erik tegnér: Le réveil des peuples et des États-nations touche toute l’Europe. La Hongrie, l’Italie, l’Autriche, la Suède etc. Seule la France, parmi les grandes puissances européennes, a du mal à voir émerger une vraie droite qui s’impose et prenne le pouvoir. Elle devrait s’inspirer de Sebastian Kurz, libéral-conservateur, qui a su faire alliance avec l’extrême droite autrichienne et prendre la tête du gouvernement. Il a entamé de profondes réformes économiques, des réformes intransigeantes sur les questions régaliennes. Il a notamment eu le courage et la justesse d’esprit d’exclure 60 imams radicaux.

Si la droite française ne repense pas sa logique d’alliances, elle mourra ou sera littéralement avalée par le centre. C’est aussi simple que cela.

Breizh-info.com : Dans son discours de rentrée, Laurent Wauquiez a par ailleurs mis en garde contre « cette immigration de masse [qui] est aujourd’hui une menace culturelle pour la civilisation européenne ». Selon vous, qu’est-ce qu’être Européen ?

Erik Tegnér : Etre européen, c’est partager une histoire commune, faire partie d’une même civilisation qui tire ses racines du christianisme. L’Europe a avant tout été pensée dans une perspective patriote, celle de protéger les pays des menaces extérieures, tout en garantissant une communication et des échanges réels et concret entre les pays qui la forment. L’Europe d’aujourd’hui doit être un rempart au progressisme fou et au matérialisme excessif qui veut que le corps ne soit plus qu’objet utile à des fins d’enrichissement. La question est de savoir à qui profite le crime ? J’assume et je pose la question de la disparition de nos valeurs fondamentales, de notre histoire et de nos racines communes. La France est riche de ses particularités. Il ne faut pas non plus être naïf et penser que l’universalisme européen existe. Je crois que l’Europe est forte quand les pays qui la composent assument leur unicité. Si l’on n’a pas compris ça, c’est qu’on est passé à côté du message de l’Histoire et des hommes d’Etat qui l’ont fait grande.

Breizh-info.com : Viktor Orbán et Matteo Salvini sont aujourd’hui les deux principales figures de l’opposition à l’immigration vers l’Europe. Votre avis quant aux politiques menées par ces deux hommes sur le sujet ?

Erik Tegnér : Je n’ai pas peur de le dire, Viktor Orbán devrait être un exemple pour tous les patriotes. Il a mené une politique économique qui a permis une baisse drastique du chômage, une augmentation considérable de la croissance (4 % quand la France stagne à 0,2 points de croissance), il est le leader de la révolution conservatrice qui traverse l’Europe qui veut défendre l’Etat-Nation. La procédure enclenchée contre la Hongrie au Parlement européen est une aberration. L’objectif est de priver la Hongrie de son droit de vote dans l’Union. Les intentions sont claires :  Le parti de Viktor Orbán, Fidesz, est membre du grand parti de droite qui domine la vie politique européenne, le PPE. Les élections approchant, il semblerait que la présence du parti hongrois au sein du PPE pose problème, soit devenue, embarrassante.

Je souhaite à cet égard que Laurent Wauquiez ne reconduise pas les eurodéputés qui ont voté en faveur de cette sanction, qui constitue une véritable censure. Ce vote est révélateur d’un véritable schisme au sein du PPE, que Laurent Wauquiez doit assumer. On ne peut pas dire publiquement qu’on veut réduire l’immigration et revaloriser l’Etat-Nation et envoyer des députés libertariens à Bruxelles dans le même temps, qui décident de suivre un rapport rendu par des eurodéputés des Verts qui veulent sanctionner un pays souverain. Tout cela n’a pas de sens, et il est plus qu’urgent pour Laurent Wauquiez de clarifier ses intentions.

Quant à Matteo Salvini, je crois que nous devons saluer son courage. Il a compris qu’il devait faire passer l’Italie et les Italiens avant tout le reste et il est évident que la France doit suivre le même chemin.

Breizh-info.com : Viktor Orbán a récemment désigné Emmanuel Macron comme étant « à la tête des forces politiques soutenant l’immigration ». Votre point de vue ?

Erik Tegnér : Je ne sais pas si Emmanuel Macron peut incarner un quelconque rôle de leader… Plus sérieusement, le président a démontré par sa politique que Viktor Orbán a vu juste. La loi immigration qui a fait tant débat présentait des mesures sans fond, inefficaces sur le long terme. Il mène une politique complètement brouillée par ses changements d’humeur; l’exemple de l’Aquarius est à cet égard frappant. Finalement, après 51 réfugiés débarqués du navire LifeLine, la France a accueilli 78 réfugiés de l’Aquarius. Ces derniers seront envoyés dans plusieurs régions de France pour bénéficier selon le ministère d’une « formation linguistique et aux valeurs de la République dans le cadre du contrat d’intégration républicaine », alors même que la plupart d’entre eux ne souhaitent même pas rester en France. Macron gouverne à l’opposé de la volonté des Français, comme s’il était à la fois aveugle et sourd face aux préoccupations des citoyens, qui concernent avant tout leur quotidien et leur pouvoir d’achat. Là-dessus, la politique du gouvernement s’est clairement révélée être un échec.

Breizh-info.com : Si la droite (au sens large) a prétendument gagné la bataille des idées, comment expliquez-vous son échec dans le combat culturel ?

Erik Tegnér : Vous savez, Macron est un gramsciste qui a voulu mener la bataille culturelle sans les idées et les gens s’en rendent compte aujourd’hui. Par ailleurs, je ne crois pas que la droite ait échoué sur ce point. Le combat se mène aujourd’hui à l’échelle de l’Europe, avec des forces émancipatrices et des peuples qui seront bientôt près à faire sécession si les élites s’obstinent à rester sourdes et aveugles. Ne nous imputons pas d’une défaite trop vite.

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2018, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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