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Jean-Paul Gourévitch : « Des économies d’échelle sur les 56 000 fonctionnaires et agents qui travaillent pour l’Europe » [Interview]

Nous l’avons indiqué hier, l’association Contribuables Associés vient de sortir un rapport sur le coût de l’Union européenne, qui serait plus chère qu’elle ne rapporterait aux Français. Un rapport rédigé par Jean-Paul Gourévitch, que nous avons interrogé à ce sujet.

Breizh-info.com : D’après vos calculs, l’UE coûte plus aux Français qu’elle ne leur rapporte. Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ? Y a-t-il des exemples précis ?

Jean-Paul Gourévitch : Toute l’étude est fondée sur cette analyse qui ne porte pas seulement sur l’Union européenne mais sur les 34 institutions que j’ai répertoriées qui s’occupent de l’Europe par-dessus la tête des citoyens français. Sans reprendre chacun des exemples on peut dire que globalement sur une même année dont les chiffres sont consolidés (par exemple 2017) la France a versé pour l’Europe 23,9 milliards d’euros et en a reçu 13,5. Soit un déficit de 10,4 milliards d’euros. Elle n’a encaissé que 56,45 % des dépenses qu’elle a consenties.

Breizh-info.com : Quelles conclusions tirez-vous de cette analyse ? Une même analyse ne serait-elle pas valable pour analyser la relation entre État et régions ? Combien, par exemple, la Bretagne coûte-t-elle à la France, combien la France lui rapporte-t-elle ?

Jean-Paul Gourévitch : Sur un plan strictement financier, même si l’horizon de la construction européenne ne peut se réduire à l’arithmétique des coûts, la contribution française représentait, en cette année 2017, 155 euros par habitant, 275 euros par foyer fiscal et 632 euros par foyer fiscal imposé à l’IR. À partir de là, à chaque citoyen de dire si le jeu en vaut la chandelle ou si pour être plus précis la balance entre les succès de la construction européenne en matière par exemple d’éducation (Erasmus +), et de développement des hautes technologies équilibrent ses échecs par exemple en matière de politique migratoire, de lutte contre la fraude fiscale et sociale ou de défense européenne.

Votre question sur l’application aux régions de ce mode d’analyse est intéressante mais prématurée. Tant que les régions n’auront pas une autonomie complète en matière de recettes et de dépenses et ce n’est pas (encore) le cas aujourd’hui.

Breizh-info.com : Vous défrisez une analyse des décodeurs du Monde sur le coût de l’IE, expliquez-nous ?

Jean-Paul Gourévitch : Quand on veut minimiser des inconvénients pour valoriser des avantages, on raisonne en pourcentage des dépenses par habitant pour montrer que cela ne coûte presque rien pour des bénéfices considérables. C’est ce que font les décodeurs du Monde qui expliquent que « chaque citoyen de l’UE a versé moins de 85 centimes d’euro par jour alors que l’UE bénéficie à des millions d’étudiants, des milliers de chercheurs, des entreprises, des villes, des régions… pour des investissements qui ne seraient pas réalisables autrement : le numérique ou les programmes spatiaux comme Galileo en sont de beaux exemples. »
C’est une technique pratiquée couramment par l’idéologie dominante et on a vu la liste Hamon expliquer pour les élections européennes que même au plus fort de la crise migratoire de 2015, l’accueil des réfugiés ne représentait que 0,4 % de la population de l’UE (chiffre d’ailleurs inexact : c’est 0,25). C’est beaucoup plus efficace idéologiquement que de reconnaître qu’ils étaient 1 256 000.

Breizh-info.com : Vous dîtes que l’UE nous coûtera encore plus cher demain. Pourquoi ?

D’abord parce que l’UE s’est rendu compte elle-même qu’elle doit rattraper son retard en matière de politique migratoire, de sécurité, de défense, de cohésion sociale. La comparaison entre le budget pluriannuel 2021-2027 (1279,4 milliards d’euros) et celui de 2014-2020 montre une progression de 17,7 %. Ensuite parce qu’on n’arrête pas un train qui est lancé. Or le budget de l’UE est en augmentation systématique d’une année sur l’autre. Enfin parce qu’un certain nombre de projets légitimes gelés jusqu’aux européennes comme la rénovation du bâtiment du Parlement de Bruxelles ou la création d’un Parquet européen contre la criminalité transfrontalière constitueront des coûts ajoutés.
Enfin il ne faut pas exclure que l’UE qui n’anticipe pas les crises soit mise à contribution par des urgences dues au réchauffement climatique ou à de nouvelles vagues migratoires issues de la mise à exécution des menaces de M. Erdogan ou des conflits qui ensanglantent le Proche-Orient, le Nord-Sahel, voire d’autres pays fragilisés par la montée des tensions ethniques ou de l’islamisme radical.

Breizh-info.com : Quelles sont les grosses économies, selon vous, que l’Union européenne pourrait faire pour coûter moins cher aux contribuables ?

Jean-Paul Gourévitch : Sans rentrer dans une analyse géopolitique qui excéderait les limites de cet entretien, on peut dire qu’une des économies d’échelle est celle qu’on peut faire sur l’administration et les quelque 56 000 fonctionnaires et agents qui travaillent pour l’Europe. L’UE s’était par exemple engagée à réduire de 5 % entre 2014 et 2020 le coût de son personnel. Entre 2014 et 2019 elle l’a augmenté de 15,8 %. Et pour la période 2014-2021 le coût de l’ensemble de son administration se traduit par une progression de 69,6 milliards d’euros à 85,3 soit 22,6 %. Sans commentaires.

Breizh-info.com : A contrario de la France, quels sont les pays qui bénéficient de l’UE ?

Jean-Paul Gourévitch : Il y a trois catégories de pays qui bénéficient de l’UE.

Les nouveaux entrants pour les aider à se rapprocher des standards des pays de l’UE ;
Les pays qui ont fait acte de candidature pour l’entrée dans l’UE et donné des garanties de bonne gouvernance (type Serbie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro) pour faciliter leur future insertion ;
Les pays qui aident indirectement l’UE à garder sur leur sol des personnes qui voudraient entrer dans l’UE (type Turquie ou Libye).

Propos recueillis par YV

Crédit photos : DR
[cc] Breizh-info.com, 2019, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine – V

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