Trump a pris l’État profond à contre-pied [L’agora]

Chapeau, l’artiste ! C’est du grand art et il fallait le faire. Après moult interrogations, tergiversations et autres supputations destinées à créer puis entretenir un véritable écran de fumée sur ses intentions, le monde entier a appris dimanche dernier que les bombardiers américains avaient larguées les fameuses bombes GBU 57B sur le site nucléaire iranien de Fordo et que les dégâts, suivant la parole du Président Trump, étaient « monumentaux »

Ce « clap » de fin sous forme de « circulez, il n’y a rien à voir » mettait un terme à une période d’ébullition médiatique sans précédent.

Ce n’est que très progressivement que sont apparues les questions sur l’efficacité réelle de ces actions. Certains ont commencé à réfléchir ; après tout, ces bombes n’avaient jamais été utilisées d’une manière opérationnelle et, si leur capacité à perforer le sol jusqu’à soixante métres de profondeur semblait acquise, un doute persistait sur la profondeur à laquelle se trouvaient réellement les installations sensibles. D’aucuns affirmaient que cela n’avait aucune importance car ces centrifugeuses étaient extrêmement fragiles et les énormes vibrations engendrées par l’explosion des bombes suffiraient à les détruire à coup sûr.

Mais d’autres informations arrivèrent, portant sur l’éventualité d’un déménagement de la matière fissile enrichie et son énorme densité  (près de 20 kg par litre) lui confère un très faible volume.

Un tel déménagement peut être très discret. Plusieurs photos ont été publiées, montrant une impressionnante file de véhicules devant l’entrée du site de Fordo seulement 2 ou 3 jours avant le bombardement. Loin de moi l’idée d’émettre une quelconque « synchronisation » des opérations mais il est peu probable que, dans un avenir rapproché, nous puissions avoir des informations fiables sur les conséquences de l’attaque et notamment sur le sort des matériaux et des machines.

Au moment de l’attaque, Trump savait-il tout cela ?

On peut l’imaginer et cela cadrerait plutôt bien avec le déroulement des évènements bien que, naturellement personne ne puisse rien prouver. Une hésitation dans sa décision était perceptible. Visiblement, il ne voulait pas annoncer de date. Voulait-il garder intact l’effet de surprise ? Difficile à croire si on observe les déplacements d’avions en tout genre qui ont précédé les opérations.

Attendait-il au contraire de savoir si le site de Fordo avait été « nettoyé » ? Peut-être.

Quarante-huit heures après cette opération, nous apprenons qu’un « cessez le feu » venait d’être conclu entre l’Iran et Israël. C’est un résultat majeur. Nous étions un certain nombre à craindre que l’entrée en guerre des États-Unis dans ce conflit provoque une escalade  qui aurait pu avoir des conséquences catastrophiques, en raison d’un climat mondial qui tendu cristallise les oppositions entre les tenants d’un monde unipolaire gouverné par un gouvernement mondial et ceux qui œuvrent à la mise en place d’un monde multipolaire. L’appartenance de l’Iran aux BRICS+ et le fait qu’aujourd’hui cette association contrôle environ 50 % de la production mondiale de pétrole et que son PIB rapporté au pouvoir d’achat est supérieur à celui du G7 font d’eux un acteur essentiel.

Cela, Donald Trump en est conscient, tout comme il a toujours dit combattre l’État profond. Cette victoire de Trump doit donc être analysée comme une défaite des néo-conservateurs partisans d’un conflit généralisé qui leur permettrait de maintenir leur domination sur le monde.

Et si cette victoire, ne soit elle que médiatique, permettait un retour à une paix relative au Moyen-Orient, cela suffirait déjà à en justifier les moyens utilisés.

D’autant plus qu’il va être très difficile pour certains des protagonistes d’invoquer une menace vitale contre eux alors que les dangers invoqués semblent avoir disparu.

D’autres ne manqueront pas de s’étonner du manque de réactivité des pays comme la Russie ou la Chine et y verront peut-être une sorte d’accord tacite et secret entre les États-Unis et eux ?

Certains vont même jusqu’à sous-entendre que Poutine et Trump auraient pu y trouver les bases d’un accord sur le futur de l’Ukraine ?

Tout est possible mais eux seuls le savent…

Jean Goychman

Crédit photo : DR
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5 réponses à “Trump a pris l’État profond à contre-pied [L’agora]”

  1. André dit :

    Inutile de faire de la  » voyance politique  » sur les intentions des vrais décideurs qui régissent le monde ! Les secrets sont bien gardés et tous les bavards de plateaux télé disent la même chose que les copains de mon bistrot….les vrais perdants sont le peuple iranien, condamné à subir ces fous de l’Islam et de la charia imposée contre leurs libertés.

  2. Ubersender dit :

    Nous nous permettons de compléter avec l’hypothèse suivante … qui n’engage que nous : la conséquence ultime de cette opération sera peut-être un « regime change » … mais pas là où il était attendu et espéré.

  3. bernard michaud dit :

    Trump lui-même le dit aussi : Netanyahu doit se calmer. Pourquoi ? Parce que Trump vient de comprendre que le nucléaire iranien est un prétexte pour la volonté de domination régionale du gouvernement Netanyahu. La preuve est faite aussi : pour un cessez-le-feu à Gaza, il suffirait d’une décision des USA. Le génocide peut être arrêté !

  4. mouchet dit :

    Excellentes questions de principes sur le fond de cette guerre de loufoque qui est une mise en demeure des pays des BRICS. Ceux-ci avaient été sévèrement prévenus que si ils échangeaient commercialement en une autre monnaie que le dollars les USA feraient des menaces économiques et guerrières. Alors l’Iran a eu droit à ses menaces mais le refus de la Chine et de la Russie ont fait reculer les USA dans la précisions de ces fameuse bombes U57. Puis la Russie a averti de possibles retombées radioactives sur les mêmes bases américaines de l’autre côté du golfe d’Arabie y compris Israël. Mensonges à 100 % puisque l’AIEA n’a perçu aucunes activités de recherches a caractère militaire. Israël possède 90 ogives militaires nucléaires. La Chine alliée de l’Iran en commercial et assistance diverses a développé des usines au thorium de même l’Italie et l’Espagne y pensent aussi. Pourquoi donc l’Iran avec l’aide de la Chine ne se met pas au thorium ?Il ferait une déclaration officielle de faire des usines au thorium avec l’aide de la Chine, serait de clouer le bec à Israël. Mais les USA seraient même gênés et pourquoi ? En interdisant les usines nucléaire pour les énergies, et si l’Iran en avait, il me dépendrait plus des cours du pétrole en dollars que contrôle les USA et même réduirait la production en dépendant de personnes.
    Les USA veulent que l’Iran dépendent des marchés internationaux et produisent leur excellent pétrole le meilleur au monde car très facile à raffiner. Enervés aussi que l’Iran fasse partie des BRICS.
    C’est un des motif caché des USA, faire dépendre les pays producteurs de gaz pétrole de leur monnaie de singe donc de la cotation des matières premières en dollars sur endetté. Comme il ont fait durant 50 ans les petrodollars en assurant une sécurité pour les royautés du Golfe.
    Le mensonge est désormais caduque l’Arabie et le Emirats s’étant rapprochés de l’Iran font semblant de s’accorder avec les USA. Comme le cite si bien Mr Poutine  » On ne fait pas la guerre à un pays fait pour son armement on le contourne économiquement et financièrement » Les discours de Saint Pétersbourg et Astana sont limpides à ce sujet. Mr Trump sait cela et fait en sorte de faire plaisir à l’AIPAC aux USA et à l’Europe pour avoir des souscripteurs de dettes.
    Les BRICS et leurs leaders sont beaucoup plus malins en finance et en commerce.En ayant le même niveau de ressources voire beaucoup plus et un niveau de productivité de plus de 80 % mondial, atteignant presque 70 % du PIB mondial. L’Europe gesticule et n’admet pas que toute l’économie mondiale est passée de l’ouest à l’est en 50 ans. Nous y sommes donc depuis 2008.Mr Trump sait cela et se heurte à l’état profond américain qui veut une guerre perdue d’avance car USA en faillite. Puis à l’extérieur contre les BRICS qui deviennent très très puissant. Citation même de Mr Trump en parlant de la Russie et la Chine alliées il y a même cité indestructibles devant des journalistes TV.
    Alors oui bien sûr l’armada porte avions sous marins missiles et les avions de guerre des USA sont là pour assurer et imposer le dollars. Mais plus pour très longtemps car les dettes plombent le tout. Même l’OTAN à du plomb dans l’aile avec le financement que les USA veulent réduire et l’Europe devra payer 5% de leur PIB voire plus. Mais avec les licenciements à l’OTAN cela se fera avec déjà des déficits énormes. L’UE est endettée de plus de 36’000 milliards et le social gronde partout.

  5. Henri dit :

    La suite au prochain épisode ! Et quand ? Je n’en sais rien, mais il se produira.

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