Irlande du Nord. Le magazine de l’UVF prévient que le groupe ne peut plus maîtriser la colère des jeunes loyalistes à propos du Protocole

Le magazine loyaliste The Purple Standard affirme que les jeunes loyalistes “cherchent d’autres moyens d’exprimer leur colère” contre le Protocole en mer d’Irlande, alors que les discussions n’aboutissent toujours pas et que la situation semble dans une impasse en Irlande du Nord, politiquement parlant.

Actuellement, les plans pour le projet de loi sur le protocole ont été mis en suspens le temps que le Premier ministre Rishi Sunak s’engage avec l’UE pour essayer de trouver un accord. L’article du magazine fait référence à la déclaration du LCC qui mettait en garde contre les “conséquences désastreuses” des accords protocolaires.

Considéré comme la publication interne de l’UVF, l’Ulster Volunteer Force, le journal affirme que la direction du groupe paramilitaire n’est plus en mesure de les retenir. Au début de l’année, le Loyalist Communities Council (LCC) a averti que le soutien aux cessez-le-feu diminuerait si les questions relatives à la frontière de la mer d’Irlande n’étaient pas résolues. Cette mise en garde faisait suite à une déclaration antérieure du LCC, qui représente l’UDA, l’UVF et le Red Hand Commando, selon laquelle il retirait son soutien à l’Accord du Vendredi Saint.

Le journal indique : « Nous pensons que, depuis 1994, lors des périodes de troubles, y compris pendant les pires journées à Twaddell, au milieu de nombreux attentats républicains à la bombe et à l’arme à feu et d’innombrables attaques meurtrières contre des agents pénitentiaires et des membres des forces de sécurité, les dirigeants loyalistes ont su faire preuve de retenue, empêchant efficacement une résurgence de la violence généralisée. Aujourd’hui, avec les bouleversements provoqués par le protocole d’Irlande du Nord, il est évident que cette influence commence à s’estomper, les jeunes loyalistes cherchant à explorer d’autres voies pour exprimer leur colère à l’égard de ce protocole subjuguant. Il est donc vital que les membres du gouvernement agissent maintenant afin d’empêcher la spirale (sic) de la situation de se détériorer davantage. »

Lundi, le commissaire indépendant John McBurney, a déclaré à un comité de Westminster : « Il ne fait aucun doute que les groupes loyalistes considèrent le protocole comme une question susceptible de générer un élan, et c’est un élan dont nous pouvons très bien nous passer. La façon de s’en passer est de trouver une solution ». Le comité a été créé par les gouvernements britannique et irlandais pour surveiller les efforts déployés pour lutter contre les paramilitaires.

Dans un rapport publié la semaine dernière, il a déclaré que ces efforts devaient être redoublés pour mettre fin à l’existence de ces groupes. « Il est encourageant de constater une diminution progressive des manifestations dans les rues au profit des échanges et des efforts politiques en cours. Mais ne doutez pas que les choses peuvent s’enflammer à nouveau si un problème qui semble non résolu et insoluble devient une telle frustration qu’il se répand dans nos rues. On ne peut pas permettre que cela se produise »

Au début de l’année, l’UVF a revendiqué un faux attentat à la bombe visant le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney, alors qu’il assistait à un événement de réconciliation entre communautés dans le nord de Belfast. En juin, un loyaliste a été arrêté et inculpé après la découverte d’un coffre contenant des armes et des munitions . Il a ensuite été libéré sous caution.

L’UVF conserve une direction centrale qui est en place depuis plusieurs décennies. Selon l’article du Purple Standard, l’accord du Vendredi saint, dont le 25e anniversaire tombe en avril 2023, a été déchiré. « Pour chaque aspect de notre vie quotidienne, le protocole d’Irlande du Nord continue de représenter une immense menace. Il menace notre économie. Il menace le système de santé et l’approvisionnement en médicaments vitaux. Il menace notre existence même. En tant que tel, ne vous y trompez pas, l’accord du Vendredi Saint est en lambeaux. On peut affirmer sans risque de se tromper que, tôt ou tard, quelque chose devra céder et, comme le dit à juste titre le PUP (Progressive Unionist Party), à moins que l’unionisme, et même l’Union, ne se mobilise pour s’attaquer aux très nombreux problèmes critiques qui mettent en péril la vie telle que nous la connaissons, Dieu seul sait ce que l’avenir nous réserve »

La guerre déclarée contre les dealers ?

L’UVF semble avoir déclaré la guerre aux trafiquants de drogue de l’UDA, un autre groupe loyaliste, sur la Shankill Road, bastion loyaliste ouvrier de Belfast. Deux trafiquants de drogue notoires, eux aussi appartenant à d’autres gangs loyalistes, ont ainsi récemment reçu l’ordre de quitter le quartier après qu’il ait été prouvé qu’ils vendaient de la cocaïne.

L’un d’entre eux est d’ailleurs un ancien membre de l’UVF qui a été expulsé de Belfast Est il y a quelques années après avoir été surpris en train de voler de l’argent à l’organisation. Il a subi une attaque punitive au cours de laquelle ses mains ont été fracassées à coups de marteau. puis s’est réfugié à Shankill et a quitté le navire pour rejoindre l’UDA.

Les membres de l’UVF sur le Shankill ont reçu l’ordre d’être “prêts à intervenir”, alors que d’autres expulsions de dealers seraient prévues. Cette décision radicale intervient alors que des mafieux de Dublin ont été aperçus dans le quartier, cherchant manifestant quelqu’un, qui ne serait autre que l’un des dealers accusé de leur devoir des armes à feu. De quoi semer le trouble et la crainte dans le quartier, et imposer donc des mesures de protection radicales que les autorités nord-irlandaises semblent avoir du mal à mettre en oeuvre.

Si le mouvement loyaliste nord irlandais est rongé par le trafic de drogue, il est aussi sous la pression de la communauté qu’il protège. Une source loyaliste a déclaré que l’UVF n’avait pas d’autre choix que d’agir, tant la pression de la communauté était forte.

Cette décision ressemble également à un retour à de vieux règlements de compte entre loyalistes, qui n’est pas sans rappeler la querelle meurtrière entre l’UVF et l’UDA au début des années 2000.

Tensions entre groupes paramilitaires, tensions vis à vis du protocole, situation politique dans l’impasse…retour de la saison des marches dans quelques mois…il en faut très peu pour que les choses dérapent en Irlande du Nord.

[cc] Breizh-info.com, 2022, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine