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Radars, douanes, MSA : quand la colère agricole flambe

Après des annonces gouvernementales dénuées d’éléments concrets suite à une semaine de blocages plutôt fermes, mais sans grands débordements – exception faite du bâtiment vide de la DREAL à Carcassonne soufflé par une explosion revendiquée par le comité d’action viticole, habitué aux coups fumants, la colère agricole est montée d’un cran. Et pas seulement du fait du blocage annoncé des autoroutes qui mènent à Paris et du MIN de Rungis à partir de lundi.

Ce vendredi, peu avant les annonces de Gabriel Attal, un bâtiment de la MSA – qui gère notamment les prestations sociales et les retraites agricoles, et dont nombreux sont les exploitants à dénoncer les lourdeurs et les lenteurs – a été incendié à Narbonne dans l’Aude. Les locaux étaient pourtant « fermés par solidarité » avec le mouvement ; le feu, démarré à partir d’un tracteur et de ceps de vigne, a embrasé une partie de la façade.

Toujours dans le Midi viticole – qui n’a pas oublié l’histoire de ses révoltes et notamment de celles de 1907 – les agriculteurs et les vignerons de Nîmes ont lancé une « opération Cobra », qui a conduit certains d’entre eux à envahir le stade des Antonins pendant le match de football entre Nîmes et Rouen – vivante image de la lutte du taureau nîmois contre le sucre du nord en 1907 – et d’autres aux Douanes de Nîmes, où le garage, huit véhicules et un bâtiment ont été incendiés.

Outre son domaine bien connu du contrôle des frontières, les Douanes – qui relèvent du ministère des Finances – assurent le contrôle de la filière viti-vinicole française et donc de la nombreuse paperasse à laquelle sont soumis les viticulteurs (ou de sa version électronique).

Leclerc, McDo, Burger King visés

Plusieurs enseignes accusées d’acheter trop bas aux agriculteurs français ou d’acheter à l’etranger ont aussi été visées en particulier : à Castelculier dans le Lot-et-Garonne, fer de lance de la Coordination rurale et département dont les agriculteurs sont particulièrement mobilisés – ils ont aussi repeint au lisier la préfecture d’Agen et coupé la voie ferrée vers Bordeaux les 22 et 25 janvier derniers – la toiture du Leclerc s’est en partie effondrée sous le poids de 17.000 litres de lisier projetés dessus. Dans la nuit du 25 au 26 janvier, c’est le parking du Leclerc de Clermont l’Hérault qui a été labouré à la pelleteuse par des agriculteurs.

Toujours dans le Lot-et-Garonne, le McDo d’Agen qui a refusé des cafés aux agriculteurs mobilisés a le temps de le regretter : il est fermé depuis le 24 janvier après que des paysans ont amené avec la fourche d’un tracteur une botte de paille pourrie et l’ont répandue dans l’établissement. A Vesoul en Haute-Saône, à l’autre bout de la France, c’est du fumier qui a été répandu devant McDo et Burger King.

Toujours dans la nuit du 25 au 26 janvier, des agriculteurs ont bloqué la RN 12 et inspecté les camions avec des produits étrangers. Bingo, comme l’explique Maxime Vaugeois, des Jeunes Agriculteurs de l’Orne, dans les colonnes d’Ouest France, à l’intérieur de quatre camions retenus par les paysans jusqu’à 11h30, « de la viande de bœuf provenant d’Irlande et à destination de McDonald’s pour être transformée en steak haché, du beurre lui aussi irlandais qui devait être livré en Bretagne (!), des escalopes de poulet ukrainien et du lait européen pour être transformé dans l’Orne ». A Falaise, les agriculteurs ont fait de même, et relatent dans la presse locale avoir trouvé « des pommes de terre d’Espagne, du lait néerlandais ou encore du poulet transformé en provenance des pays de l’Est. Certains camions devaient livrer Mc Donald’s France ».

Coup de chaud sur les radars en France et en Italie

Aux blocages et aux destructions en marge de la colère agricole répondent les dégradations et incendies de radars, cri du cœur d’une France rurale abandonnée des services publics, des élus, des hôpitaux, et néanmoins écrasée d’impôts et de pressions administratives.

Visiblement, ce ras-le-bol de l’oppression exercée par les radars jusque dans les campagnes les plus reculées n’est pas une exception française, puisque en Italie, un certain Fleximan – qui tire son surnom de la meuleuse (flessibile) qu’il utilise pour couper au pied les radars tourelles, est devenu un héros citoyen après avoir mis par terre en huit mois quatorze radars dans le Piémont, la Vénétie ou encore la Lombardie – les autorités, privées de centaines de milliers d’euros de bénéfices, le recherchent activement, lui et sa meuleuse.

Dejà, pendant la saint Sylvestre, deux radars avaient brûlé, à Fère-Champenoise dans la Marne, au nord-est de la France, et à Orsans dans l’Aude – le Midi viticole.

Depuis, d’autres radars ont flambé – notamment le radar tourelle de Cérons, en Gironde, sur la RD1113 dans la nuit du 25 au 26 janvier, le radar du front de mer de Bastia, dans la nuit du 26 au 27 janvier – il n’a pas été brûlé mais poussé à terre, et des tags CR20 et JA20 [coordination rurale et Jeunes agriculteurs, NDLR] laissés aux abords, un radar de chantier incendié sur le bord de la RD999 à Aigues-Mortes dans le Gard dans la nuit du 27 au 28 janvier, et la veille, le radar tourelle d’Orthoux sur la même route. A Nouvion en Thiérache dans l’Aisne le radar chantier de la 1043, déjà tagué à Noël et au Jour de l’An, a été poussé dans le fossé et mis hors d’usage.

D’autres ont été dégradés : à peine installé, le radar entre Vireux-Wallerand et Monthermé sur la RD989 dans les Ardennes a été tagué mi-janvier, indique l’Ardennais ; le radar chantier de Vitry en Perthois dans la Marne a lui aussi été repeint cette semaine. Autour d’Agen, plusieurs radars ont été repeints en marge des manifestations d’agriculteurs – d’après un cliché partagé par la coordination rurale du 47 sur son Facebook, pour les radars tourelles, un rouleau de peinture sur un long manche suffit ; la même action avait été menée sur tous les radars de la Haute-Vienne dans la nuit du 17 au 18 janvier. Plus tôt dans le mois de janvier, 6 radars de Dordogne avaient été bachés par les agriculteurs, tandis que la coordination rurale de Seine-et-Marne a elle aussi bâché plusieurs radars dans la nuit du 22 au 23 janvier.

LM

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5 réponses à “Radars, douanes, MSA : quand la colère agricole flambe”

  1. Bertrand dit :

    Sécurité Sociale du monde agricole, ne sont pas seulement des organismes collecteurs de cotisations, mais sont également ceux qui versent toutes les prestations sociales.

    S’attaquer à ces organismes revient à s’attaquer à des organismes et des salariés qui œuvrent dans l’intérêt de tous les ressortissants agricoles

  2. NOEL dit :

    Malheureusement trop de gentillesse face à ce régime est inefficace , il ne connait que le rapport de force mais il faut rester dans l’acceptable …

  3. Patrice Foulquier dit :

    “Ventre affamé n’a point d’oreilles” dit le dicton. Les agriculteurs en ont ras la casquette des discours creux, notamment ceux de Gabriel Attal, qui n’apportent pas de réponse sérieuse au désastre agricole et plus généralement économique, mais des mesurettes ridicules. Pour mettre un terme à la colère des agriculteurs, Macron doit rompre avec l’Europe pour privilégier les intérêts de la France sans exception. Mais ce président orgueilleux n’en a rien à fichre de la France, c’est un idéologue qui ne jure et ne vit que par l’Europe et qui voudrait devenir président des “Etats Unis d’Europe” pour assouvir sa soif de puissance, main dans la main avec la Hyène allemande.
    Tant que la France sera soumise aux volontés de l’Europe et aux diktats de ses Croquignoles, on n’est pas sortis de l’auberge.

  4. patphil dit :

    ce qui m’interpelle, c’est la constante élection de la fnsea par la majorité des paysans

  5. Le Celte dit :

    Est ce que les personnes qui font des commentaires connaissent bien les tenants et les aboutissants du milieu agricole. La dernière année où j’ai gagné de l’argent grâce à mes terres la MSA m’a gratifié d’un redressement de cotisation à cause d’un agent qui n’a pas fait son travail et en plus cet énergumène m’a dénoncé au Trésor public mais pour ma chance l’employé du fisc à trouvé son comportement dégueulasse et il s’est adressé à la direction de la MSA.
    Donc j’ai décidé de tout arrêter et une responsable m’a contacté et elle a osé me dire que si tout le monde agricole faisait comme moi elle se retrouverait au chômage.
    En France les dirigeants et les politiciens ont un complexe de supériorité il faut qu’ils soient acculés et que la peur leur chatouille leur égo pour faire quelque chose.
    Les fameux 400 millions d’euros ça fait même pas 1100€ par agriculteur.
    Quelqu’un a fait allusion a la FNSEA le grand public a une méconnaissance des magouilles des arrangements qu’il y a avec ce syndicat et les préfectures et les DDTM.
    Une juge de la cours d’appel des tribunaux des baux ruraux s’était permis de me menacer de poursuites par ce que j’avais dis que s’était un système mafieux et elle a été calmée quand elle a lu un document interne de la préfecture qui dépassait leurs prérogatives.
    La majorité des contentieux qui existent au niveau des terrains agricoles provient des adhérents de ce syndicat. Il y a une spoliation organisée grâce à certaines lois et à cause du code rural.
    Heureusement que les agriculteurs ne savent pas tout où il y aura des exactions contre certaines administrations et contre certaines personnes. Chut il ne faut pas dire la vérité.

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