Commission d’enquête TikTok : les zélites (humiliées) face au réel (les influenceurs)

Créée en mars 2025 à l’unanimité par l’Assemblée nationale, la commission d’enquête parlementaire sur TikTok vise à étudier les effets psychologiques de la célèbre plateforme chinoise sur les mineurs et à proposer des mesures de protection. Une bien noble intention… sauf que ces  tribunaux idéologiques s’acharnent moins à chercher la vérité qu’à mettre à l’index les coupables déjà désignés. Leur but : donner l’illusion que le gouvernement travaille à quelque chose, qu’il s’intéresse vraiment à la vie de ses sujets. Bref, ces commissions ne servent qu’à engraisser la machine.

« Le Système, comme chacun de ses rouages, fonctionne sans autre fin que son propre fonctionnement. » Cette sentence, prémisse à toute réflexion sur le pouvoir qui nous domine, suffit à elle seule à définir les commissions d’enquête parlementaires. Le problème est quand les seuls à ne pas l’avoir compris, ce sont les parlementaires eux-mêmes. C’est en tout cas ce qu’expriment leur mine déconfite quand les interrogés refusent de se présenter, tel Pierre-Édouard Stérin, ou que lors de leur passage à la question, ils se permettent d’envoyer paître leur inquisiteur, tel Dominique Besnehar et son fameux « si c’est mon procès, je me taille tout de suite… Vous n’êtes pas là pour me faire la morale ! » lancé à l’infatigable Sandrine Rousseau.

Mais il s’agissait encore de gens bien élevés, ayant reçu une éducation empreinte de civilité et de politesse. Seuls des simples d’esprit pouvaient croire sérieusement qu’en conviant de jeunes influenceurs issus des classes populaires ou de l’immigration, ça allait bien se passer. Et en effet, ce qui devait arriver arriva : un premier auditionné (Isac Mayembo, alias Alex Hitchens) se barre en claquant la porte (ou plutôt l’écran de son ordinateur), d’autres envoient les parlementaires promener sur un ton menaçant (Nasdas, de son vrai nom Nasser Sari) soulignant la bêtise de leurs questions.

Qu’il s’agisse d’Arthur Delaporte, qui pense pouvoir extrapoler les propos d’Isac Mayembo et l’empêcher de s’en expliquer comme si ce dernier lui devait un quelconque respect non-partagé, ou de Christelle d’Intorni qui interroge AD Laurent comme on parle à son enfant qui a été vilain avec ses compagnons de classe, ces apparatchiks partagent la conviction d’incarner l’ordre moral et d’être à ce titre obéis. Ce qui relève non seulement d’une mentalité hors-sol, mais aussi du mépris de classe.

Oui, il fallait vraiment être totalement déconnectés du réel, pour penser pouvoir engueuler ces vilains petits garnements et leur faire abaisser le regard les doigts sur les coutures du pantalon. Et méprisants, pour supposer que lesdits garnements n’allaient pas se pointer préparés par leurs avocats et qu’ils se laisseraient gronder inermes par des gratte-papier arrogants.

Du haut de leur piédestal fait de privilèges aussi illégitimes qu’immérités, ces commissaires politiques qui ne représentent plus rien mais sont encore persuadés que parce qu’ils sont là où ils sont, ils font autorité, se sont heurtés au réel. Ce qui arrivera toujours plus fréquemment, maintenant que la popularité des influenceurs auditionnés a créé le buzz et porté à l’attention de tous l’inutilité crasse de ces commissions d’enquête.

Quant au contenu, que dire ? Après avoir décrété que l’argent est roi ; que l’autorité, c’est mal ; que l’accès à la pornographie, c’est la liberté et que l’hypersexualisation des enfants, c’est cool, après avoir ouvert grand la porte à la plateforme décérébrante par excellence, venir demander des comptes à ceux qui surfent sur l’inversion des valeurs, c’est un peu comme se plaindre des effets dont on chérit les causes.

Audrey D’Aguanno

Crédit photo : Capture HuffPost
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6 réponses à “Commission d’enquête TikTok : les zélites (humiliées) face au réel (les influenceurs)”

  1. Durandal dit :

    Bonjour,

    Quel pied. On se croirait à l’école. Nos députés n’ont pas grandi.

    Cdt.

    M.D

  2. guillemot dit :

    Encore une énième Commission d’enquête qui ne sert à rien.

  3. Barbara dit :

    « On ne peut pas quitter une commission sans qu’on lui ait suggéré » ; « je suis le président de la commission » : et bien, on t’em*er*e, Monsieur ; t’es qu’un député qui ne représente que toi, éjectable, et sans pouvoir (faut voir tout ce qu’ils votent à l’Assemblée, contre l’intérêt de la population). Autant j’ai horreur des racailles sur tik tok, autant je ne peux pas supporter le style Tribunal Révolutionnaire. Forcément, ce député représente à lui tout seul le type intellectuel issu d’une famille d’enseignants : donc la morale est de son côté, il est le seul à pouvoir donner des leçons de morale.

  4. kaélig dit :

    C’est quoi ces « commissions parlementaires » sans avocats de la défense…C’est grotesque, c’est ridicule, on dirait un sketch !
    Bon, l’avantage par rapport au procès staliniens ou révolutionnaires de 89, les « accusés » ne risquent pas leur tête ou le goulag, enfin, pas encore.

  5. Raymond Neveu dit :

    Nous partageons pleinement les opinions exprimées…en particulier celle de Dame Barbara, depuis une trentaine d’années l’Enseignement est à la dérive ce n’est plus qu’un bateau ivre qui accompagne les enfants à la piscine, à l’EHPAD, au ramassage des déchets pour sauver la planète…les enseignants devenus aussi nuls que leurs élèves n’enseignent rien, ni politesse, ni Morale mais sont toujours gorgés de suffisance, les lycéens des Institutions Privées en savent plus qu’eux! Dans certaines familles on a encore conservé le goût de la Culture et du Savoir.

  6. Amine dit :

    Delaporte a raison, mais il faut traiter du problème à la source : il en vient à la plateforme de faire des efforts pour garantir une meilleure modération des comportements inapropriés afin que cela reste un lieu d’échange saint, ce que Youtube par exemple fait, car la modération TikTok est quasiment voir totalement inexistante. Il en vient également aux parents de ces enfant d’imposer un contrôle parental, solution qui existe déjà dans certaines applications et jeux et qui a démontré son efficacité. On peut mettre en place un système basé sur le contrôle de l’identité pour confirmer son âge, là encore ça existe depuis des années…

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